Quatre nouvelles rues dans le lotissement du Gas-Bernier, à Luray, rendent hommage à une résistante de la commune, deux aviateurs canadiens et à Anne Frank. L’occasion pour le maire d’organiser une cérémonie mémorielle et citoyenne.
Devant leur maison en construction, dans le lotissement du Gars-Bernier, à Luray, Annabelle et Stéphane n’en reviennent pas. Ce samedi 28 septembre, ils marchent derrière un cortège de drapeaux tricolores, en compagnie du colonel Pierre Haché, attaché militaire de l’ambassade du Canada, Pierre Colson, directeur départemental de l’ONAC, d’Olivier Lalieu, du mémorial de la Shoah et toute une foule d’habitants du village et de personnalités.
Ce couple des Yvelines participe avec fierté à la cérémonie de baptême de quatre nouvelles rues dans leur lotissement dont la leur : la rue Anne-Frank qui sera leur adresse dans quelques jours, en octobre 2019. « On s’y attendait pas. Mais, c’est vraiment bien, c’est important de ne pas oublier l’histoire. Pour nous, c’est très symbolique d’habiter dans une rue qui va porter le nom d’Anne Frank ».
Ce moment historique que vivent Annabella, Stéphane et les habitants de Luray, ils le doivent à Alain Fillon, leur maire, qui a décidé de baptiser des rues de sa commune en mémoire des héros de la Résistance et des victimes de la Shoah. Il a voulu en faire une cérémonie que Pierre Colson qualifie de « mémorielle et citoyenne ».
La rue Léontine-Peauger
Mélina, une écolière de Luray, en compagnie d’un membre de la famille Peauger, dévoile la plaque de rue en hommage à cette modeste habitante de Luray qui fit l’un des premiers gestes de résistance contre l’armée allemande d’occupation.
La voix fluette de la fillette rend hommage à cette mère courage qui refusa de retirer les portraits de ces fils tombés en 14/18, comme lui intimait les soldats allemands. Elle est tombée sous leurs balles. Les voix d’habitantes du village et du président départemental de l’association des déportés entonnent le chant des Partisans.
Les rues SK Walker et J.W H Conway
Les écoliers de Luray dévoilent les plaques au nom de ces deux aviateurs canadiens en compagnie du colonel Pierre Haché, attaché militaire de l’ambassade du Canada. Le son des cornemuses fait suite aux textes lus par les enfants pour rappeler le sacrifice des Libérateurs de la France dont le destin s’est brisé dans le ciel de Luray en 1944.
La rue Anne-Frank
Juliette lit des extraits du journal de l’adolescente juive dont le calvaire symbolise celui de tous les enfants juifs d’Europe obligés de se cacher et dont trop d’entre eux ont fini malgré tout dans les camps d’extermination du régime nazi.
A ses côtés, Olivier Lalieu du mémorial de la Shoah est venu « même un samedi parce que le geste d’un maire et de son village en faveur de la mémoire de la Shoah » vaut bien une entorse à Shabbat. A ses côtés aussi Dieke Hondius, historienne de la Maison Anne Frank, a fait le voyage d’Amsterdam (Pays-Bas) et Esther Senot, rescapée des camps toujours là pour raconter l’Histoire aux jeunes générations.
Dans quelques mois, en mars 2020, Alain Fillon, maire de Luray, passera la main. Mais il pourra estimer qu’il a posé quatre plaques de rues pour bâtir un avenir solide pour un village qui connaît son passé.