Drame dans la communauté juive de Créteil : verdict rendu pour Elie, le bébé maltraité

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Le petit Elie, qui souffre aujourd’hui de séquelles, avait échappé de peu à la mort il y a cinq ans : petit bébé juif, confié à une nounou juive, il était victime du syndrome du bébé secoué.

Elle a tout fait pour que la vérité éclate en pleine audience. Droite à la barre du tribunal correctionnel de Créteil ce mardi, la mère du petit Elie a raconté sa « descente aux enfers ». La peur que son enfant soit « enterré avant de fêter son premier anniversaire », la suspicion qui pesait sur elle et son mari, la mise au ban de sa communauté et ses cinq années sans comprendre ce qu’il s’était vraiment passé.

Et puis elle a quasiment supplié la nourrice qui se trouvait à quelques centimètres d’elle. « C’est une maman. C’est une mamie. Elle est Juive comme nous. En ce moment, c’est le pardon. Elle doit nous dire la vérité. » Patricia N., accusée de violences volontaires avec une ITT de plus d’une centaine de jours sur l’enfant qu’elle gardait et qui était alors âgé de neuf mois, s’est levée, comme hébétée. « Je n’ai rien fait à Elie. Je le jure devant Dieu. »

Victime du syndrome du bébé secoué, Elie avait été confié à cette nourrice qui, bien qu’elle n’ait pas d’agrément, s’occupait depuis 28 ans d’enfants dont les parents accordaient de l’importance à la dimension religieuse. Un « pilier » de la communauté juive de Créteil.

« Je l’ai récupéré comme un zombie »

Jusqu’à cette après-midi où elle téléphone à la mère de l’enfant. Elie, en temps normal si « mignon » et « souriant », ne va pas bien. « Il vomissait et faisait ses selles en même temps », se souvient la nounou. Elle pense qu’il a une gastro et qu’il faut l’emmener à l’hôpital. C’est le père qui vient le chercher. « Je l’ai récupéré comme un zombie. Il avait un regard comme s’il avait peur. Il était violet, ses yeux se fermaient ».

Au centre hospitalier intercommunal de Créteil, un médecin diagnostique une gastro. Il préconise de garder l’enfant en observation. Apparemment, Elie va mieux après avoir été réhydraté. Le lendemain, la mère d’Elie préfère le ramener à la maison. Après tout, il ne s’agit que d’une maladie bénigne.

« Je porterai toute ma vie cette responsabilité », lâche la maman d’une voix blanche. Mais à la maison, son état de santé s’aggrave. Elle transporte à nouveau son enfant à l’hôpital.

« On me dit qu’il y a un problème avec mon fils. Je demande s’il va mourir. Le médecin me répond pas maintenant. » Elie est conduit en réanimation à Necker. Il est dans un état de semi-coma. Le diagnostic du syndrome du bébé secoué est posé. Il faut opérer l’enfant.

« Avec mon mari, on devait faire face aux soupçons injustes du personnel soignant. On devait laisser la porte ouverte. » « A aucun moment la justice n’a pu avoir de doutes sur votre comportement de parents », tient à préciser la présidente.

Omerta dans la communauté juive

Elie est en tout cas sauvé. Mais il a des séquelles. « On nous dit qu’on a eu de la chance. Mais aujourd’hui, il rencontre des difficultés d’apprentissage. Il est incapable de donner les noms de ses camarades. Elle est où notre chance maintenant ? » Et de se souvenir comment sa famille « a été montrée du doigt par la communauté juive de Créteil ».

Cette « omerta », selon l’avocate des parties civiles, expliquerait qu’il n’y ait pas eu d’autres témoignages impliquant la nourrice. Cette dernière avait déjà été la cible d’une procédure judiciaire. « Un enfant que je gardais et qui avait mal au pied, précise l’intéressée. J’ai été relaxée. »

« La justice ne se rend pas avec l’émotion mais avec la raison », a plaidé son avocat qui a demandé la relaxe. Les « oscillations », relevées par le ministère public au sujet de la version donnée par la nourrice, ne sauraient selon lui « justifier une culpabilité ». Et de souligner l’incapacité des médecins à dater précisément le secouement du bébé. « On ne doit pas dire Oh elle doit être coupable quand même. »

Deux ans de prison avec sursis ont été requis avec mise en délibéré. Avant que les deux clans ne se toisent dans la salle des pas perdus du tribunal, juste après le procès, l’un des proches des parents a craché aux pieds de la nourrice.

Source leparisien

1 Comment

  1. Je relève 2 choses :
    1. la nourrice n’avait pas d’agrément ;
    2. les parents accordaient de l’importance à la dimension religieuse.
    Nous avons le devoir d’être intelligent et de faire fonctionner notre pensée rationnellement. C’est une mitzvah.
    D’abord la santé, ensuite la religion. On n’est plus au Moyen-Age.

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