Une plaque en l’honneur des 46 «Justes parmi les Nations» aveyronnais a été inaugurée hier, au mémorial de Sainte-Radegonde, en présence notamment d’Anita Mazor, consul général auprès de l’ambassade d’Israël.
Éva Pourcel, Louise Thèbes, Ernest et Jeanne Sirvain et Yvonne Moncet ont été élevés au rang de «Juste parmi les nations», hier, pour avoir sauvé des Juifs au péril de leur vie lors de la Seconde Guerre mondiale.
Simples citoyens, agriculteurs, commerçants, abbés, policiers, infirmières, enseignants… L’Aveyron comptait jusqu’alors 41 hommes et femmes élevés au rang de «Juste parmi les Nations» pour avoir sauvé des juifs, parfois au péril de leur vie, lors de la Seconde Guerre mondiale. Depuis hier, ils sont au nombre de 46. L’institut Yad Vashem, au nom de l’état d’Israël, a délivré cinq nouvelles distinctions, à titre posthume, à des Aveyronnais (es) lors d’une cérémonie teintée d’émotions au mémorial de Sainte-Radegonde. Une nouvelle occasion de rendre hommage à tous ces «Justes» qui comme l’a rappelé Simon Massbaum, président de l’association pour la mémoire des déportés juifs de l’Aveyron, ont « reconstruit le chemin de l’humanité ».
De Decazeville à Montézic en passant par Villefranche
À l’image d’Yvonne Moncet, aînée d’une fratrie de trois sœurs dont Thérèse et Jeanne ont déjà été faites «Justes», et qui permirent de sauver un couple et ses deux jeunes enfants de la déportation, dans un petit hôtel de la rue Cayrade à Decazeville. à quelques kilomètres de là, dans le couvent de Massip à Capdenac-Gare, plusieurs religieuses ont également «caché et sauvé» une soixantaine d’enfants juifs de la déportation. Parmi ces religieuses, Louise Thèbes, désormais faite «Juste».
Le couple Sirvain, Ernest et Jeanne, a également été inscrit au mémorial des Justes, hier. Installés à Montézic, cet enseignant et cette secrétaire de mairie sauvèrent le couple Antcher et leurs deux jeunes enfants de la barbarie nazie. Pour finir, un hommage a également été rendu à Eva Pourcel, enseignante à Villefranche-de-Rouergue durant la Seconde Guerre mondiale (lire ci-contre). Avant de rappeler, comme le disait un certain Churchill, qu’un peuple « oubliant son passé se condamne à le revivre »…
Victor Gottesman, «enfant caché»
Âgé de 78 ans, Victor Gottesman a fait spécialement le déplacement depuis Paris. Et son témoignage, hier, s’est avant tout adressé aux jeunes générations : « Souvenez-vous que des barbaries existent encore dans de nombreux endroits du monde. Et posez-vous toujours cette question : de quel côté je veux figurer ? »
Ému, l’homme a ensuite raconté son histoire. Celle d’un enfant juif, né en 1941, « caché » et « sauvé » par éva Pourcel durant la Seconde Guerre mondiale. Pour Victor, dont le père a payé de sa vie sa résistance envers l’Allemagne nazie et dont la mère a fini ses jours en hôpital psychiatrique, « brisée par toute cette histoire », l’institutrice villefranchoise qui l’a recueillie restera « à jamais comme une deuxième maman ». Hier, éva Pourcel a été élevée au rang de «Juste parmi les Nations». Victor, lui, a retrouvé, non sans émotion, les descendants de sa famille adoptive…
Mathieu Roualdés