Longtemps proche de l’actuel Premier ministre, Benyamin Netanyahou, Ayelet Shaked en est aujourd’hui l’une des principales adversaires. Mais qui est cette femme qui souffle tantôt un vent de modernisme, tantôt un souffle conservateur, sur la politique en Israël ?
Elle compte devenir la deuxième femme de l’Histoire à diriger l’État hébreu, après Golda Meir. Ayelet Shaked se donne les moyens de ses ambitions : sa formation politique pourrait obtenir 10 sièges sur les 120 de la Knesset (Seulement 7 sièges obtenus!) et ainsi devenir le troisième parti du pays, lors des élections qui se déroulent ce 17 septembre. Elle est le visage de la liste Yamina, c’est-à-dire la Nouvelle droite, mouvement ultra-nationaliste et religieux.
Figure de proue de cette extrême droite, Ayelet Shaked n’a pourtant rien d’une bigote. Elle assume d’ailleurs être totalement laïque. La candidate aux législatives se revendique comme une femme moderne, arguant que ses petites robes et ses yeux maquillés sont quelques-uns de ses atouts. Elle n’a pas hésité à se mettre en scène dans un clip campagne parodiant une publicité pour parfum. Dans cette vidéo, Ayelet Shaked s’asperge de quelques gouttes de « Fascisme », qui selon elle a « l’odeur de la démocratie. » Un spot sulfureux, au parfum de scandale, qui a fait hurler tous les camps : la gauche dont elle se moquait ouvertement, mais aussi la droite religieuse qui ne se reconnaissait pas dans cette image. Ces derniers mois, Ayelet Shaked a d’ailleurs dû essuyer de nombreuses critiques sexistes, très souvent de la part de rabbins. Ce que représente cette femme de 43 ans dérange : elle sort danser, prend des selfies, boit des shots d’arak (l’alcool local) dans les bars de Jérusalem…
Malgré tout, Ayelet Shaked, tête de liste de Yamina, séduit les électeurs, jusqu’à effrayer Benyamin Netanyahou, son ancien mentor. Le fameux Bibi, en poste depuis une décennie, est de plus en plus menacé. Il pourrait, avec ces nouvelles élections, être détrôné par l’ancien chef de l’armée Benny Gantz. Mais sur le plus long terme, beaucoup voient Shaked lui succéder.
La colère de Madame Netanyahou
De 2006 à 2008, elle a justement travaillé dans le cercle intime de Netanyahou, en tant que directrice de cabinet. Justement trop proche pour Madame Netanyahou qui avait demandé à son époux de se séparer de cette conseillère jeune et jolie. Ayelet Shaked ne s’arrêtera pas à ce premier échec : après avoir fondé son propre mouvement, elle est rappelée par Bibi qui, en 2015, la nomme ministre de la Justice. Un poste qu’elle occupera jusqu’en juin 2019.
Malgré les apparences, Ayelet Shaked n’est pas une promesse de renouvellement. Opposée à la création d’un État palestinien, elle est considérée par ses adversaires comme un danger pour la démocratie. « C’est probablement le spécimen le plus pur en Israël de la nouvelle droite libérale qu’on voit en Europe. En France, elle serait aux côtés de Marine Le Pen », avait expliqué Assaf Sharon, l’un des fondateurs du centre d’études Molad pour le renouveau de la démocratie israélienne, au Monde en janvier dernier. Avec Ayelet Shaked, la révolution, si elle a lieu, sera forcément conservatrice.