En septembre 2018, une élue Front National d’Agen avait comme son mentor Jean-Marie Le Pen nié l’existence des chambres à gaz. Elle avait également mis la délinquance sur le dos des «immigrés.»
Un an après, que reste-t-il des propos tenus par l’élue frontiste Catherine Lesné en septembre 2018 ? Un simple procès de deux heures dans la petite salle d’audience du tribunal correctionnel d’Agen hier, un réquisitoire sans surprise de la procureure de la République, de la Licra et de la Maison des potes, loin du fracas causé par ses agissements sur Facebook, et capturé avant de disparaître.
«Procès de la bêtise»
Sur sa page privée, pour un demi-millier de ses «amis» de ce réseau social, elle prend ce samedi 29 septembre la défense de son chef de file Jean-Marie Le Pen en reprenant à son compte la négation de l’holocauste pendant la Seconde Guerre mondiale. Autre délit reproché à cette quinquagénaire, l’assimilation de «90 % de la délinquance (…) aux immigrés.»
Comme elle l’avait fait dans un communiqué tardif adressé en novembre, Catherine Lesné a redit qu’elle n’a jamais été négationniste. « C’est un coup de sang que j’aurais mieux fait de garder pour moi (…) Quand j’ai parlé d’immigrés, je parlais au sens général du terme, je suis moi-même d’origine italienne. » Pour son avocate Me Sylvie Brussiau, «c’est le procès de la bêtise plutôt que de l’idéologie. Elle n’avait pas le recul suffisant.» La défense a rappelé que Catherine Lesné n’aurait jamais dû être conseillère municipale d’Agen. Elle figurait sur la liste FN en 2014, mais en position non éligible. «La parité, et les démissions successives l’ont propulsée sur le devant de la scène.»
Le Front National de Marine Le Pen a pris les devants en annonçant sa radiation. Depuis, l’élue frontiste a déménagé, elle a quitté le Lot-et-Garonne. Elle dit s’être «mise à l’écart» elle-même. Comme ailleurs parfois, le RN mène désormais la politique de la chaise vide au sein du conseil municipal de la ville.
«Attentat verbal»
La Licra, la Maison des potes se sont constituées partie civile. Pour la première, «c’est un attentat verbal» pour Me Laurent Bruneau. «Une atteinte aux valeurs républicaines, au vivre ensemble et à la concorde universelle.» Ancien de SOS Racisme et président de la fédération de la Maison des potes, Samuel Thomas parle d’un poison, celui «de l’endoctrinement de la population par ce genre de propos.»
Les parties civiles demandent 30 000 € de dommages et intérêts au total. Après avoir distribué à l’audience publique des images d’archives de la Shoah, la procureure de la République a requis quatre mois de prison avec sursis et une peine de trois ans d’inéligibilité. Décision en délibéré le 9 octobre.