Le Ciotaden Olivier Dahan a choisi sa terre natale pour son film « Simone, une femme du siècle », le rôle de l’icône de la lutte pour les droits des femmes, qui sera incarnée par Elsa Zylberstein.
Ils avaient prévenu. Tout se fera à huis clos. Personne ne pourra assister au tournage. Pas même la presse. Pourtant, hier matin, si les caméras sont restées muettes, il n’aura pas échappé aux passants que le centre-ville affichait une toute nouvelle physionomie. Affiches de propagande nauséabonde, copeaux au sol, voiture ancienne en premier plan, la place du théâtre s’est plongée dans une scène de vie de la Seconde Guerre mondiale. Et pour cause, Olivier Dahan, en bon Ciotaden, a choisi sa terre natale pour rendre hommage à l’éminente Simone Veil.
Dans son film « Simone, une femme du siècle« , le rôle de l’icône de la lutte pour les droits des femmes, rescapée du camp d’Auschwitz, morte le 30 juin 2017, sera incarnée par Elsa Zylberstein. Le scénario est écrit par Olivier Dahan.
Rapidement, sur les différents arrêtés municipaux implantés dans la ville, on comprend que le réalisateur posera ses caméras au quartier de Saint-Jean, endroit où l’emblématique ministre passait ses vacances en famille. Dans Une Vie, son autobiographie parue en 2007, elle raconte ses séjours de jeune fille sur les bords du Golfe d’amour : « L’été, nous partions en vacances familiales à La Ciotat, dans la maison que mon père avait construite. L’emploi du temps était chargé entre la plage, les jeux dans le jardin, les sorties avec nos cousins« .
Car rappelons-le, André Jacob, père de Simone Veil et deuxième Grand prix de Rome d’architecture en 1919, avait en effet été chargé par la Société immobilière foncière des Alpes Maritimes, d’aménager le lotissement du Clos des Plages lors de la vente des propriétés Lumière intervenue le 11 juillet 1925. Séduit par le site, l’architecte achète, avenue des Vieux Moulins, une maison qui servira de villégiature estivale à sa famille qui réside à Nice.
Les années d’insouciance à La Ciotat s’achèvent sur un bien triste pan de l’Histoire : la Shoah. André Jacob, son épouse Yvonne et leur fils Jean n’en reviendront pas. Simone Veil est déportée à Auschwitz, elle a 17 ans. Elle ne reviendra à La Ciotat que bien des années plus tard. Devenue ministre de la Santé, elle retrouvera la ville du Bec de l’aigle pour être la marraine du porte-conteneurs Gauguin lancé le 2 avril 1977.
Depuis, son image reste indissociable de l’histoire de la ville au point d’y voir baptisée de son nom la médiathèque en 2012. Olivier Dahan évoquera-t-il ces tranches de vie ? L’omerta qui pèse ne laisse rien présager. Hier, vers 14 h 30, le réalisateur et son équipe effectuaient les derniers réglages, rues Ledru-Rollin, Renan, Lucien-Martin. S’il fait honneur à sa ville, en venant tourner, dans la plus belle baie du monde, espérons que le réalisateur poursuive sa démarche en se fendant d’une avant-première… dans le plus vieux cinéma du monde !