Albert Veissid est décédé près de Marseille à l’âge de 94 ans. Il avait été arrêté en juillet 1943 et déporté à Auschwitz en mai 1944.
La chance. C’est la chance qui l’avait sauvé de l’enfer d’Auschwitz, racontait-il parfois aux lycéens. Albert Veissid, rescapé de la Shoah, s’est éteint. Sophie Nahum, à l’origine du documentaire « Les Derniers », pour lequel elle l’avait rencontré à Marseille (Bouches-du-Rhône) cet été, l’a annoncé sur Twitter.
Nous apprenons avec beaucoup de tristesse le décès d’Albert Veissid que nous avons filmé à Marseille cet été. Albert avait fait partie de l’orchestre d’Auschwitz, ça lui avait sauvé la vie.
Merci à @CPozmentier et toute l’AFMA Marseille de nous avoir permis de le rencontrer ❤️ pic.twitter.com/NX7YF8KJTu— Les Derniers (@Les_Derniers) September 5, 2019
Il avait été arrêté en juillet 1943
Albert Veissid, né en 1924 à Constantinople, était arrivé à Lyon encore bébé. Devenu vendeur dans un magasin de confection et musicien, il est arrêté en juillet 1943 et transporté à la prison Saint-Jean de Lyon, puis au Fort de Chapoly.
Depuis Marseille où il est ensuite détenu, il est envoyé à Drancy en février 1944 et déporté à Auschwitz le 30 mai sous le matricule 12063. Il se déclare maçon, sur le conseil d’un ami, et travaille à la consolidation d’un bunker.
La musique aussi. Albert Veissid avait appris la clarinette avec un musicien de l’Opéra de Lyon. Le camp comptait deux formations, un orchestre symphonique de près de 80 membres, et une fanfare plus vaste encore. Les juifs n’y seront admis à jouer que dans les derniers mois.
Le 18 janvier 1945, le camp est évacué, les survivants envoyés à Buchenwald puis Berga. Ces marches de la mort seront plus tragiques pour Albert Veissid qu’Auschwitz. Libéré en Tchécoslovaquie par les Américains, il rentre en France en train. Un squelette sur pieds, qui n’aurait pas survécu une semaine à des tels traitements. Il lui avait fallu ensuite vivre trois ans en sanatorium pour retrouver des forces.
Albert Veissid avait témoigné en 2009 dans la presse
En 2009, Albert Veissid avait témoigné dans la presse à l’occasion de la découverte d’une bouteille comprenant un message sur les lieux du camp nazi. Sur ce message, six noms d’hommes, des Polonais chrétiens, et le sien. Un « mystère » avait-il alors déclaré.
« C’est vrai que je leur ai rendu des services : en haut, c’était le ravitaillement et souvent ils volaient des seaux de marmelade que je cachais en bas. Peut-être que par remerciement, ils ont mis mon nom dans la bouteille », avait-il expliqué.
Marié, père de deux enfants, grand-père de trois, le clarinettiste, qui jouait aussi de la guitare, avait fêté ses 95 ans en mai dernier.
Source leparisien et ouest-france