L’ONG PixelHelper a annoncé, dans la matinée du 27 août sur sa page Facebook, la destruction par les autorités des infrastructures du mémorial de l’Holocauste, en construction depuis plusieurs mois dans la province d’Al Haouz.
Ce lundi, les autorités de la commune rurale Ait Faska, près d’Ait Ourir, dans la région de Marrakech-Safi ont procédé à la démolition du mémorial de l’Holocauste sur lequel PixelHelper, une organisation non gouvernementale allemande, travaillait depuis septembre 2018.
Sur la vidéo live postée sur les réseaux sociaux par Oliver Bienkowski, le fondateur de PixelHelper, on voit les autorités locales, accompagnées d’un bulldozer, en train de détruire les constructions du site. Des blocs aux couleurs de l’arc-en-ciel qui apparaissaient sur les photos publiées quelques jours plus tôt sur le site internet de l’ONG, il ne reste plus rien.
L’espace, qui visait à rendre hommage aux juifs tués par les nazis et à toutes les minorités persécutées, notamment les homosexuels internés dans les camps de concentration pendant la Seconde guerre mondiale, comprenait en outre des installations artistiques, une obélisque, une réplique d’une frontière européenne et un four à pain.
“Toutes les œuvres d’art, y compris l’arc-en-ciel à l’entrée, ont été profanées et des équipements coûteux (…) ont été délibérément détruits par des bulldozers. L’eau et les lignes électriques ont été coupées”, indique l’association, soulignant que les autorités marocaines et les ambassades ont “toujours été informées” de ce projet.
“Malheureusement, dès le départ, les autorités ont refusé toute coopération et, au cours de la première année, toutes les demandes de rendez-vous ont été rejetées par le maire”, précise PixelHelper qui demande réparation de la part de l’Etat marocain pour les pertes subies s’élevant à environ 100.000 euros selon l’association.
Interrogé par le HuffPost Maroc, le fondateur du projet, Oliver Bienkowski, affirme que les autorités “ne leur parlent pas”. “Ils ont aussi détruit des équipements coûteux comme des mâts de caméras”, déplore-t-il.
“Depuis un an nous construisons notre tour, notre boulangerie, une copie de la frontière européenne. Ils disent maintenant que nous avons besoin d’autorisations pour le mémorial de l’Holocauste”, explique-t-il, précisant que les autorités locales leur ont rendu visite au fil des ans et ont constaté qu’ils construisaient de nombreuses installations artistiques et des monuments.
Die Zerstörung des #Holocaust Mahnmals für die ermordeten #Juden in #Europa, ermordeten muslimischen #Uighuren in #China, ermordeten #Sinti & #Roma aller Länder & allen ermordeten #Palästinensern in #Palästina paypal@PixelHELPER.tv pic.twitter.com/198t3C9dCp
— PixelHELPER 🦇🇪🇺🌈 (@PixelHELPER) August 27, 2019
Lundi soir, les autorités locales de la province d’Al Haouz avaient indiqué dans un communiqué que “les informations véhiculées par certains sites électroniques et sur des réseaux sociaux au sujet de l’établissement d’un projet par un ressortissant étranger comprenant un musée et plusieurs installations ainsi qu’un mémorial sous forme de tableaux artistiques, dans la commune Aït Faska (province d’Al Haouz), sont dénuées de tout fondement”.
Travaux démarrés depuis presque un an, nombreuses annonces sur les réseaux sociaux, et soudain, les autorités décident de tout saccager : c’est un comportement incompréhensible et inadmissible, qui ternit encore l’mage du royaume marocain, le ramenant au rang des terroristes islamistes.