La bibliothèque nationale d’Argentine a annoncé l’ouverture d’une section spéciale de l’établissement dédiée aux ouvrages sur l’Holocauste et l’antisémitisme, dotée d’un millier d’ouvrages, des essais aux romans en passant par les biographies.
Une série de donations a permis à la bibliothèque patrimoniale de faire l’acquisition de ces ouvrages, dans un pays encore très marqué par l’exfiltration de nombreux nazis après la Seconde Guerre mondiale.
« Nous avons demandé à la bibliothèque quel était son fonds d’ouvrages sur l’antisémitisme et l’Holocauste », rappelle Ariel Gelblung, représentant du Centre Simon Wiesenthal pour l’Amérique latine. « Sur un total de 100 titres jugés intéressants, l’établissement n’en possédait que trois. » Pour remédier à la situation, une collecte a été mise en place, afin d’améliorer les ressources sur ces sujets.
En moins d’un an, le bureau local du Centre Simon Wiesenthal a reçu de nombreuses donations, d’individus lambda comme d’éditeurs et d’auteurs de différents horizons. Le musée de l’Holocauste de Buenos Aires a ainsi fait parvenir 200 ouvrages à la Bibliothèque nationale, et l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA) un peu plus d’une centaine.
Rapidement, le fonds a atteint un millier d’ouvrages : une ressource d’autant plus précieuse que l’Argentine a un passé plutôt lourd vis-à-vis des crimes nazis et de l’antisémitisme. Devenu une terre d’accueil des hauts responsables nazis après la Seconde Guerre mondiale, le pays a connu plusieurs épisodes douloureux, dont l’attentat de Buenos Aires du 18 juillet 1994, qui avait visé l’AMIA et plusieurs associations juives.
« De génération en génération, cette flamme doit rester vive », a souligné Elsa Barber, directrice de la Bibliothèque nationale, au moment de l’inauguration de cette section dédiée. « La Bibliothèque nationale est le lieu par nature où la mémoire doit être célébrée jour après jour », a-t-elle expliqué, rapporte la Jewish Telegraphic Agency.
Inaugurée en 1810, la Bibliothèque nationale de la République argentine se trouve à Buenos Aires, dans le barrio Recoleta. Elle fut notamment dirigée par Jorge Luis Borges, entre 1955 et 1973. Sur fond de polémiques et de mouvements sociaux, Alberto Manguel, nommé directeur, avait finalement abandonné le poste.