Accusé du viol et du meurtre d’une adolescente juive de 14 ans, Susanna Feldmann, l’an passé, un demandeur d’asile irakien était jugé en Allemagne. Le verdict est tombé ce mercredi : Ali Bashar, 22 ans, a été condamné à la prison à perpétuité.
Un demandeur d’asile irakien débouté a été condamné ce mercredi en Allemagne à la prison à perpétuité pour le meurtre et le viol d’une adolescente, une affaire, suivie d’une traque rocambolesque, qui a nourri le discours anti-migrants.
Ali Bashar, un Irakien de 22 ans, a été reconnu coupable d’avoir tué et violé Susanna Feldmann, 14 ans, le 23 mai 2018 à Wiesbaden. La Cour de Wiesbaden, qui a suivi les réquisitions du parquet, l’a également privé de la possibilité de demander une libération conditionnelle au bout de 15 ans en raison de la « gravité particulière » de son crime.
Un crime commis de « sang froid »
Le juge Jürgen Bonk a estimé qu’Ali Bashar, qui a présenté par deux fois ses excuses à la famille de la jeune fille, n’avait « pas exprimé de regrets sincères » et commis son crime de « sang froid ». « Vos mots n’ont pas touché la chambre, ni vraisemblablement la salle ici », a-t-il aussi souligné, cité par Bild.
Si l’accusé a reconnu le meurtre devant les juges, il a nié le viol et assuré que les relations sexuelles avec la jeune fille qu’il connaissait étaient consenties. Le corps de l’adolescente avait été découvert deux semaines plus tard enterré près d’une voie de chemin de fer, près du foyer où vivait le meurtrier avec ses parents et frères et sœurs.
Ali Bashar est par ailleurs jugé dans un autre procès en cours mais à huis clos pour le viol d’une enfant de 11 ans avec un complice, un réfugié afghan de 14 ans.
Fuite en Irak
Au cours des quatre mois d’audience, l’experte psychiatrique a décrit un jeune homme qui considère les femmes comme des « salopes » dont la place est en cuisine. Juste après son forfait, le jeune homme, arrivé en 2015 en Allemagne, avait fui en Irak avec sa famille sans être inquiété à la frontière. Il avait finalement été ramené le 9 juin 2018 par des policiers allemands dépêchés au Kurdistan irakien, sans que Bagdad n’ait autorisé son extradition.
L’affaire avait suscité une immense émotion en Allemagne en plein débat sur l’accueil des centaines de milliers de réfugiés à qui la chancelière Angela Merkel a ouvert les portes de son pays en 2015. L’extrême droite avait cherché à récupérer ce fait divers. Un député de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) était d’ailleurs présent au tribunal à l’énoncé du verdict.
Depuis la Saint-Sylvestre 2015-2016 à Cologne, où des centaines de femmes avaient été agressées sexuellement par des migrants, les violences impliquant des étrangers font régulièrement la Une. Dernière affaire en date suscitant l’émoi : le viol collectif la semaine dernière à Mühlheim d’une jeune fille par des adolescents de 12 à 14 ans originaires de Bulgarie.
Minute de silence
Deux jours après la découverte du corps de Susanna Feldmann, les députés de l’AfD ont observé dans l’hémicycle une minute de silence controversée à la mémoire de la jeune fille. Près des lieux du crime, des messages tels que « Susanna, 14 ans, victime de la tolérance » et « L’unique responsable de ta mort est Angela Merkel » ont été découverts.
Signe de l’importance qu’avait pris l’affaire, la chancelière, généralement silencieuse sur les faits divers, avait dénoncé un « meurtre abominable » et plaidé pour la fermeté de la justice.
L’enquête avait par ailleurs révélé des failles sérieuses des autorités. Débouté de sa demande d’asile en décembre 2016, Ali Bashar attendait toujours l’examen de son recours un an et demi plus tard.
Il avait également été interpellé à plusieurs reprises pour des faits de délinquance dans les mois précédant le meurtre, mais relâché aussitôt sans que les services sociaux ne soient alertés.
Crime antisémite ?
La mère de la victime, Diana Feldmann, partie civile au procès, a également accusé la police de négligence, assurant ne pas avoir été prise au sérieux lorsqu’elle avait signalé la disparition de sa fille. Désespérée, elle avait lancé un appel à la chancelière sur Facebook et s’était mise, seule, en quête de sa fille. Selon elle, le crime commis par Ali Bashar n’aurait pas été motivé par les origines de Susanna Feldmann.
« Personne ne savait que Susanna était à moitié juive« , a indiqué sa mère dans une interview au Jerusalem Post. « Absolument personne. Sur son profil Instagram elle avait [une image] des drapeaux russe et turc. Elle n’a jamais dit qu’elle était juive. Cela a été révélé plus tard. Maintenant, Ali Bashar est encore plus heureux qu’Erdogan car il a tué une Juive, une « salope » juive« , a poursuivi la mère de famille.
Cette dernière a indiqué que des caricatures de sa fille accolées à des images de drapeaux israéliens en feu avaient été postées sur une page de soutien à Ali Bashar sur les réseaux sociaux. « La page a depuis été fermée. Cette page de haine« , a indiqué la mère de Susanna Feldmann.