Maison médiévale, synagogue… La belle cité andalouse réhabilite les lieux d’un âge d’or où une communauté juive vivait ici en paix. Pourquoi pas l’Andalousie cet été ???
A la nuit tombée, le cadre est quasi mystique. Un dédale de rues étroites et escarpées, bordées de maisons blanchies à la chaux et coiffées de toits de tuiles romaines. Calle Judá Leví, calle de los Judíos, calle de la Sinagoga… Chaque voie de la vieille ville de Cordoue rappelle au flâneur l’histoire du quartier dans lequel il se trouve : la Judería, habitée par les Juifs au Moyen Age. Au Xe siècle, leur culture connut son siècle d’or du fait d’une période de tolérance religieuse dans l’Espagne musulmane. Bien que les vestiges des quartiers juifs se soient raréfiés, les dix-huit villes qui en possèdent, regroupées autour du réseau des juiveries d’Espagne, s’efforcent dorénavant de révéler ce patrimoine.
Point de départ : la Casa de Sefarad, une maison médiévale transformée en musée de la mémoire des Séfarades. Les lieux abritent une collection d’objets (costumes, bijoux…) ayant appartenu à cette communauté forcée à l’exil par les rois de la très catholique Espagne en 1492. La vie dans cette demeure s’organise autour d’un patio de style mauresque ou mudéjar, bordé d’arcs en brique et de colonnes sans piédestal, montrant des chapiteaux aux motifs géométriques. De temps à autre, des concerts y sont donnés, où des artistes entonnent d’anciens chants en hébreu et en ladino (langue judéo-espagnole).
Des découvertes encore en cours
A partir du XIIe siècle, la cohabitation est moins pacifique et les premiers Séfarades quittent la région. Notamment Maïmonide, philosophe et rabbin. Sur la place de Tibériade, à Cordoue (d’après le nom de la ville israélienne où se trouve son tombeau), une statue a été dressée en l’honneur du savant. Si le bronze de ses babouches est érodé, ce n’est pas par hasard : quiconque les caresse serait béni de sa sagesse et aurait la certitude de revenir un jour à Cordoue.
On peut aussi apprécier le son des notes jouées par les guitaristes de rue, les chorégraphies improvisées par les danseuses de flamenco dans la vieille ville et les pas des chevaux, que les cavaliers font déambuler jusqu’aux portes des vénérables maisons. Entrouvertes, elles révèlent leur magnifique patio avec des murs décorés de dizaines de pots de fleurs, comme celui du zoco.
En remontant la rue de ce marché artisanal, on rejoint la synagogue, inaugurée en 1315. Sur les murs, un impressionnant décor en plâtre ciselé avec des motifs géométriques et des inscriptions en hébreu fut couvert et caché après l’expulsion des Juifs. La vocation d’origine de l’édifice tomba dans l’oubli jusqu’à la redécouverte de ces ornements en 1884. De nos jours, le temple cache encore des mystères. Un mikvé, ou bain rituel, ainsi que d’autres vestiges viennent d’être découverts dans la zone adjacente. Des curiosités que ceux qui ont effleuré les babouches de Maïmonide pourront bientôt découvrir lors d’une nouvelle visite !
Dormir : La Llave de la Judería, 38, calle Romero. Charmant hôtel regroupant trois vieilles maisons restaurées, avec deux patios et une terrasse. Dès 72 € la double.
Manger : Casa Mazal, 3, calle Tomás Conde. Dans cette maison médiévale, une délicieuse gastronomie séfarade. Compter 40 €.
- Galerie de l’Inquisition, calle Manríquez, nº 1 : une exposition d’instruments de torture utilisés par la Sainte Inquisition entre les XIIIe et XIXe siècles en Europe.
- Chapelle de Saint Barthélemy, calle Averroes, S/N : le patio montre une église fondée entre autres par des conversos (juifs convertis au christianisme) mais restée inachevée. La chapelle est richement décorée dans le style gothique-mudéjar, avec un décor en plâtre ciselé, des azulejos sur les murs et des voûtes en ogive. On soupçonne que l’édifice puisse être à l’origine une synagogue.
- La cruz del rastro : face au vieux pont romain du Ier siècle avant J.-C., cette croix en fer remémore l’assaut sur le quartier juif en 1473 suite à un incident survenu à Pâques.
- Tour de Calahorra, s/n Puente Romano : située sur le fleuve Guadalquivir, cette forteresse médiévale abrite le Musée des Trois Cultures, portant sur l’apogée culturelle de Cordoue du IX au XIIIe siècle à travers la cohabitation des cultures musulmane, chrétienne et juive.
- Bains arabes de Sainte Marie, calle Velázquez Bosco, nº 8 : très fréquentés par les Juifs depuis leur construction au Xe siècle, on y organise des nos jours des spectacles de flamenco.
- Quartier du vieil Alcázar ou de Saint-Basile : petite promenade autour de la vieille forteresse pour apprécier les nombreux patios fleuris andalous que les maisons abritent. Il fut habité par les Sefarades après les persécutions anti-juives.
S’informer : Office espagnol du tourisme.