Selon un récent rapport de l’institut de recherche Shoresh, les Israéliens les plus diplômés n’hésitent pas à s’exiler et à s’abstenir de plus en plus de participer à la vie politique et électorale du pays.
Les Israéliens les plus diplômés sont de plus en plus tentés de s’établir ailleurs et de voter avec leurs pieds. Un phénomène qui a de quoi alarmer les décideurs de l’Etat hébreu et qui a été mis en lumière dans un récent rapport : « Quitter la Terre promise – Un regard sur le défi de l’émigration pour Israël » , réalisé par l’institut de recherche Shoresh, affilié à l’Université de Tel-Aviv.
Initié par l’économiste Dan Ben-David, il étudie la fuite des cerveaux israéliens, en particulier vers les Etats-Unis, considérée comme « l’une des conséquences premières des politiques nationales favorisant les intérêts sectoriels et personnels sur les intérêts nationaux ». L’étude, qui porte sur deux périodes – 1995-2005 et 2006-2016- ne quantifie pas cet exode en chiffres absolus, mais s’inquiète de son impact à moyen terme.
Les candidats aux départs viennent en effet puiser dans un réservoir très restreint – moins de 130.000 individus sur une population de 9 millions – composé d’ingénieurs, de scientifiques et autres entrepreneurs de la tech, qui génèrent l’essentiel des exportations israéliennes et de ses revenus fiscaux.
Conséquences catastrophiques
« L’étroitesse de ce groupe signifie que l’émigration d’une masse critique du total, même à raison de plusieurs dizaines de milliers de personnes, aurait des conséquences catastrophiques pour le pays entier ».
Plusieurs indicateurs alimentent ce scénario. D’une décennie à l’autre, la population de l’Etat hébreu s’est accrue d’un quart tandis que le nombre d’Israéliens qui ont acquis la citoyenneté américaine ou la carte verte a augmenté d’un tiers. Le nombre d’Israéliens titulaires d’un diplôme académique qui choisissent de s’expatrier excède largement celui de ceux rentrés aux pays, avec 1 retour pour 4,5 « émigrants académiques » en 2017. Les diplômés des sciences exactes et d’ingénierie des universités les plus réputées affichent les plus forts taux d’émigration.
Des handicaps économiques
Pourquoi cette fuite des cerveaux a-t-elle tendance à s’intensifier ? L’Etat hébreu pâtit d’une faible productivité du travail, les salaires y sont moins attractifs par rapport à d’autres pays développés, tandis que les prix à la consommation y sont 28 % supérieurs à ceux des Etats-Unis et 66 % plus élevés que la moyenne de l’OCDE.
« Invariablement, ce sont les plus instruits et ceux qui ont le choix qui partent », pointe Dan Ben-David. Le phénomène n’est pas propre à Israël. Mais son incidence est sans doute plus forte que partout ailleurs.
Nathalie Hamou (Correspondante à Tel Aviv)