Boycotté d’un côté par les nationalistes israéliens, applaudi de l’autre par les pro-palestiniens, Mc Donald’s est sous le feu des projecteurs en Israël. En cause : le refus de s’installer en Cisjordanie. Une réalité qui n’est en rien une décision de l’enseigne de fast-food américaine mais un choix du franchisé local.
Lundi 10 juin, le site d’informations Oumma applaudit McDonald’s des deux mains. « Une bonne surprise par les temps qui courent : (la chaîne) vient de déclencher la fureur de la droite israélienne en affirmant qu’il ne peut y avoir de hamburgers de son enseigne dans les colonies ! »
Le site s’appuie sur un éditorial du journaliste Gideon Levy, paru le 7 juin dans le journal israélien Haaretz : « En refusant d’ouvrir des enseignes dans les colonies, McDonald’s franchit une étape comme peu d’entreprises l’osent », écrit-il.
De quoi parle-t-on réellement ?
Ces derniers jours, l’enseigne est au coeur d’une polémique en Israël. Tout a commencé avec l’annonce d’un appel d’offres pour l’ouverture d’un restaurant dans l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv. Mc Donald’s s’est rapidement montré intéressé et cela n’a pas été du goût de tous.
Le président du Conseil régional de Samarie, une région à cheval sur les territoires de Cisjordanie et d’Israël, a envoyé une lettre au ministre des Finances et au ministre des Transports empêcher cette implantation. « Comme vous le savez, dénonce Yossi Dagan, McDonald’s Israel, (…) boycotte les citoyens et les territoires de l’Etat d’israël au-delà de la Ligne Verte » (la frontière établie de 1948 à 1967 avant l’extension du pays, ndlr).
Très remontés, des nationalistes ont lancé une grande opération de protestation en installant devant les restaurants Mc Donalds des pancartes expliquant que l’entreprise de restauration « boycotte des pans d’israël« , comme le montre la photo ci-dessous.
הקמפיין הכי טוב שהימין הצליח לעשות בזמן האחרון. השמאל משתמש בנשק התודעה והדה לגיטימציה מהסוג הזה במשך שנים. חזרה על המסר בדרכים שונות, עד שנקלט והופך להיות ברור מאליו. @McDonalds #Israel pic.twitter.com/IXdjh9j9gr
— Emanu Jabotinsky (@EJabotinsky) 4 juin 2019
Est-ce vraiment le cas ?
« Aloniel (l’entreprise détenteur des franchises McDonald’s dans le pays, ndlr) n’a jamais eu de licence pour ouvrir des enseignes en Cisjordanie », a simplement communiqué Mc Donald’s Israel, un brin évasif.
En réalité, Omri Padan, le PDG d’Aloniel, n’a jamais vraiment caché son opposition à s’installer dans les territoires occupés. Mais cela ne date pas d’hier. Déjà en 2013, l’homme d’affaires avait refusé à Rami Levy, gérant de supermarchés discount dans le pays, l’autorisation d’ouvrir un restaurant Mc Donald’s dans son nouveau centre commercial d’Ariel. Il faut dire que Omri Padan n’est pas qu’un simple businessman. Il est aussi l’un des fondateurs du mouvement anti-occupation, « La Paix maintenant ».
Cependant, les décisions d’Omri Padan n’engagent pas totalement la marque américaine. Lui et Mc Donald’s ont signé une « master-franchise« , en clair, un contrat qui confère au chef d’entreprise l’exclusivité du développement en franchise de Mc Donalds dans le pays. Il s’agit d’une délégation de pouvoir entre la maison mère et un franchiseur local. Le choix politique de ne pas s’implanter dans les territoires occupés est donc une décision de Mc Donalds Israël autrement dit d’Aloniel et non de la maison mère Mc Donalds.