«Je ne peux pas conseiller aux juifs de porter la kippa partout tout le temps en Allemagne», a déclaré un commissaire du gouvernement en raison de la montée de l’antisémitisme dans le pays.
Faut-il retirer la kippa pour se protéger de l’antisémitisme ? C’est ce que suggère le commissaire du gouvernement allemand en charge de l’antisémitisme, qui a mis en garde contre le port de ce signe religieux dans un pays en proie à une montée des attaques anti-juives, dans un entretien paru samedi.
« Je ne peux pas conseiller aux juifs de porter la kippa partout tout le temps en Allemagne », a déclaré Felix Klein dans un entretien au groupe de presse régional Funke, ajoutant avoir à ce sujet « hélas changé d’avis par rapport à autrefois ». Felix Klein, dont le poste au gouvernement d’Angela Merkel a été créé début 2018, explique cette évolution par « la levée des inhibitions et un manque de considération qui augmentent dans la société ».
Pas de kippa en centre-ville
« L’Internet et les médias sociaux y ont fortement contribué, mais aussi les attaques perpétuelles contre notre culture de la mémoire », s’inquiète-t-il, proposant aussi de mieux former les forces de l’ordre parfois indécises sur la nature antisémite ou non des délits.
Le conseil central des Juifs d’Allemagne a déjà plus d’une fois mis en garde contre le port de cette calotte. « Je dois déconseiller à des personnes seules de se montrer dans le centre des grandes villes d’Allemagne avec une kippa », avait déclaré à la radio RBB son président Josef Schuster il y a un an.
Un cas avait particulièrement choqué à Berlin l’an passé, quand un Israélien portant la kippa avait été frappé à coups de ceinture par un Syrien dans le quartier huppé de Prenzlauer Berg. La victime avait pu filmer une partie de la scène et l’avait postée sur Internet.
Les pouvoirs politiques allemands se sont ouvertement inquiétés d’un antisémitisme importé par des migrants venus de pays hostiles à Israël, comme les Syriens, Irakiens ou Afghans arrivés en masse dans le pays en 2015 et 2016.
Des délits majoritairement commis par l’extrême droite
Les dernières statistiques du ministère de l’Intérieur ont toutefois montré que les auteurs de délits à caractère antisémite étaient à une écrasante majorité (90 %) issus des milieux de l’extrême droite.
Les délinquants d’origine arabe sont avant tout des personnes qui vivent depuis assez longtemps en Allemagne, estime Felix Klein. « Beaucoup regardent seulement des chaînes arabes qui transmettent une image funeste d’Israël et des Juifs », selon lui.
Malgré des décennies de repentance pour l’Holocauste, l’Allemagne ne fait pas exception en Europe où, à l’instar de la France, les attaques contre les juifs se sont répandues. Les actes criminels à caractère antisémite ont augmenté de quelque 20 % en Allemagne l’an passé, selon le ministère de l’Intérieur.
La procureure générale de Berlin, Claudia Vanoni, avait mis en cause un recul des inhibitions, jugeant que l’entrée de l’extrême droite au Bundestag en 2017, dont certains responsables ont tenu des propos discriminatoires, y avait contribué.
En France, un appel à ne pas porter la kippa émis par le président du consistoire israélite de Marseille en 2016 avait fait polémique. Cet appel avait été lancé après l’agression d’un enseignant juif par un terroriste revendiquant ses actes au nom de Daech.