Une plaque en hommage à trois anciens élèves du lycée Aristide-Briand, déportés en 1942 et morts à Auschwitz, a été dévoilée dans le hall de l’établissement ébroïcien.
Ils s’appelaient Lucien Melich, Noémie et Jacques Rabinovitch. Ils avaient respectivement 14 ans, 19 ans et 16 ans quand ils ont été arrêtés et déportés, en 1942, vers le camp de concentration d’Auschwitz où ils ont trouvé la mort.
Leurs noms figurent, depuis vendredi, sur une plaque mémorielle inaugurée dans le hall du lycée Aristide-Briand, à Évreux. Ces trois adolescents, victimes du nazisme, ont suivi une partie de leur scolarité au lycée d’État avant d’être exécutés.
Directement conduits à la chambre à gaz
Les lycéens se sont rendu compte que les noms de ces trois enfants ne figuraient pas sur la plaque en hommage aux élèves d’Aristide-Briand décédés pendant la Seconde Guerre mondiale. Tels des historiens chevronnés, voire des détectives privés, ils ont remonté le fil de leur histoire, épluché nombre de documents et retrouvé leurs familles. Des familles qui étaient d’ailleurs présentes vendredi et qui ont livré des témoignages poignants.
Carolina Melich, la nièce de Lucien Melich, est venue d’Isère accompagnée de ses deux frères, Didier et Lucien, pour évoquer le souvenir de cet oncle disparu. « Il avait 14 ans quand il a été arrêté avec sa mère, à Aubusson, raconte Carolina. Quand il a vu sa mère se faire arrêter, il l’a rejointe. Mon père, Clément, a été arrêté quelques jours plus tard avec notre grand-père mais il a réussi à s’enfuir. » Les lycéens ébroïciens ont raconté comment il avait été caché par une famille depuis élevée au rang de Justes.
Lélia Picabia, digne et émouvante, est la nièce de Jacques et Noémie Rabinovitch arrêtés en 1942 dans la maison familiale des Ventes, près d’Évreux, sous les yeux de leurs parents. « Il était 22 h 30 quand deux voitures se sont arrêtées devant la porte, ce 13 juillet. À minuit et demi, ils étaient à la prison d’Évreux. Quelques jours plus tard, ils étaient à Auschwitz. Ma tante y est entrée. Jacques, lui, qui était pourtant un beau gaillard de 16 ans, serait allé directement à la chambre à gaz. Tant que l’on peut parler d’eux, ils ne meurent pas deux fois et sont encore parmi nous. »
Sélectionné au niveau national
Plus que l’émotion que ce travail de mémoire a générée, c’est l’importance, et l’urgence, de ne pas oublier et de « ne pas rester indifférent » face à la montée du racisme, de l’antisémitisme, qu’a rappelée André Panczer, président du Conseil national pour la mémoire des enfants juifs déportés.
« Les peurs d’aujourd’hui, si nous n’y prenons pas garde, peuvent devenir celles qui, hier, ouvraient les camps où ont été exterminés les enfants déportés de ce lycée. »
Le travail des lycéens ébroïciens a été sélectionné pour participer, au niveau national, au Concours de la Résistance et de la Déportation. Le jury se réunira en juin.