Cette année, le Festival de Cannes, qui a commencé le 14 mai, honorera la star du cinéma français Alain Delon, en lui décernant une palme d’honneur, pour l’ensemble de sa carrière. Une distinction qui a été décernée à des artistes tels que Jeanne Moreau, Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo.
Delon, 83 ans, a joué le rôle d’un tueur à gages, dans le « Samouraï » mis en scène par Jean-Pierre Melville (né Grumbach), un célèbre cinéaste français et juif. Et un marchand d’art dans « Monsieur Klein », de Joseph Losey, un drame dont l’action se déroule sous l’occupation nazie. Aucun de ces rôles n’a semblé surprendre ses admirateurs, Delon étant depuis longtemps un supporter du Front National, le parti d’extrême droite, associé à l’antisémitisme par les experts de la politique européenne.
Alain Delon s’est installé en Suisse, pour des raisons fiscales, et a acquis la nationalité suisse il y a 20 ans. Il a passé plus de temps aux affaires internationales qu’au cinéma dans la mère patrie. Mais il critique librement la politique française. En 1987, il déclara, à la Télévision française que le célèbre leader du Front National, Jean-Marie Le Pen, condamné pour négationnisme de la Shoah (il affirma que les chambres à gaz nazies étaient « un détail de l’histoire), était un ami de longue date.
Le parti de Le Pen, selon Delon, prend une importante place en France, « ce que je comprends très bien, ce que j’encourage », dit-il. En réaction à cette prise de position, le Comité National de Miss France, qui l’avait promu Président à vie, a émis un communiqué de presse se dissociant de sa prise de position politique. Alain Delon répondit en démissionnant de cette présidence.
Ce qu’un concours de beauté n’a pas admis, le Festival de Cannes l’a accepté et encouragé. L’ironie de cette décision, c’est que le Festival a été fondé sur l’initiative de Jean Zay (1904-1944), le Ministre de l’Education Nationale et des Beaux-Arts du Front Populaire, français et juif. Il sera assassiné, en 1944, par la Milice, pendant l’occupation nazie. Et, durant près de 40 années, le Festival fut dirigé par Gilles Jacob, français et juif. Dans un livre publié l’année dernière, « Le Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes », Gilles Jacob raconte ses nombreuses rencontres avec les vedettes du cinéma mondial qu’il a rencontrées à Cannes, de Lilian Gish à Madonna. En plus de 800 pages, pas une seule mention d’Alain Delon.
Jacob se souvenait sans doute du scandale causé par Delon, en 1997, à l’occasion du 50ème anniversaire du Festival, où il n’était pas officiellement invité. Delon, furieux, déclara à la presse : « Je ne mettrais plus les pieds au Festival ». Il tint parole pendant 15 ans, capitulant en 2013, lorsque Jacob autorisa un hommage spécial en son honneur.
Et comme Jacob remarqua avec ironie, faisant allusion à son sens d’auto estime : « S’il vous téléphone et dit : « C’est Alain », il est de votre intérêt de ne pas répondre : « Alain qui ? »
La question de savoir qui est réellement Alain Delon continue d’être une énigme pour ses compatriotes. En 2013, son fils Anthony, en réaction à la déclaration de son père soutenant le Front National, publia un message repris par tous les médias. « C’est consternant ! Il est un acteur. Il ferait mieux de tourner des films, et se comporter comme Clint Eastwood, plutôt que de jouer au commentateur politique amateur… » Ce à quoi, Alain Delon rétorqua : « La ferme!.. »
Son fils n’est pas le seul à protester, dans le monde du spectacle. Charles Berling dont l’adaptation au théâtre du texte d’un policier juif du ghetto d’Ottwock, dans la Pologne nazie a fait l’unanimité, fait partie des protestataires. En octobre 2013, il a déclaré : « Alain Delon a toujours été d’extrême droite. C’est un fabuleux acteur, mais pas un grand penseur. » Et Richard Berry ajoute : « Ses déclarations n’ont aucune importance. Comme Brigitte Bardot, quand elle se mêle de politique ».
Brigitte Bardot, 84 ans, s’est retirée du « showbiz » dès 1973. Gilles Jacob lui consacre un copieux chapitre dans son Dictionnaire Amoureux ; mais qui se termine discrètement en 1973. Elle fut condamnée à cinq reprises pour incitation à la haine raciale. Elle avait déclaré que la France était envahie par l’étranger, particulièrement les Musulmans qui, selon elle, constituaient « une infiltration dangereuse et incontrôlée. » Et elle affirma que Marine Le Pen était la « Jeanne d’Arc du 21ème siècle. »
Il est peu probable que le Festival de Cannes honore Brigitte Bardot. Alors, pourquoi faire l’éloge d’Alain Delon, qui partage la plupart de ses opinions politiques ? Est-il possible qu’un homme partisan du Front National offense moins les dirigeants du Festival qu’une femme ayant la même attitude ? Tandis que Brigitte Bardot s’est retirée du monde du spectacle depuis longtemps, Alain Delon continue d’y jouer un rôle bien visible. Il continue de commenter la vie politique. En octobre 2015, par exemple, lorsqu’il qu’il applaudit Nadine Morano, députée de droite, qui déclara à la Télévision que « la France était un pays de race blanche. » Évoquant un mot populaire désignant les testicules, Delon félicita Morano pour sa courageuse opinion, qu’il partage totalement. Les dirigeants actuels du Festival auront-ils le même courage, et reconsidéreront-ils leur décision d’honorer un partisan déclaré de l’extrême droite ?
Un article de Benjamin Ivry pour le Jewish Forward – Traduit et adapte par Victor Kuperminc
Note du traducteur
Pierre Lescure, Président du Festival de Cannes, vient de répondre à cette question. Il a déclaré : « Quand je vois qu’Alain Delon a été le vrai producteur du film « Monsieur Klein », qu’il est allé chercher Joseph Losey – qui était un homme plus qu’engagé à gauche, quasiment communiste – et qu’ils ont joué ensemble ce film admirable… Ca va au-delà de l’amitié un peu virile qu’il a pu avoir et afficher avec Jean-Marie Le Pen, en son temps. »
Thierry Fremeaux, délégué général du Festival a abondé dans son sens : « Alain Delon a le droit de penser ce qu’il pense. C’est compliqué de juger avec des lunettes d’aujourd’hui des choses qui se sont passées et dites il y a quelques années. »
ces gens qui se trainent partout avec ce genre de raisonnement ne sont en fait que des trolls qui sont là pour faire élire macron qui, lui est le vrai ennemi d’Israël et des juifs et de ce pays et des français !