Originaire de Teillé (Loire-Atlantique), un utilisateur du réseau social russe VK (équivalent Facebook) a été condamné à de la prison ferme pour avoir posté à plusieurs reprises des propos antisémites.
Un sexagénaire de Teillé (Loire-Atlantique) a été condamné lundi 13 mai 2019 à dix-huit mois de prison fermepar le tribunal correctionnel de Nantes, pour avoir proféré des insultes antisémites sur le réseau social russe VK entre février et avril 2018.
Quatorze mois de prison ferme avaient été requis à l’encontre du prévenu, âgé de 60 ans, qui avait déjà été condamné le 17 janvier 2018 par la même juridiction pour des « injures publiques » du même type.
La peine prononcée par le tribunal n’est pas aménageable dans l’immédiat ; c’est un juge d’application des peines (JAP) qui décidera des modalités d’exécution de sa peine (incarcération, centre de semi-liberté, bracelet électronique…). Le prévenu aura aussi interdiction pendant cinq ans de se présenter à toute élection ou d’exercer une fonction judiciaire.
Ce bénéficiaire de l’Allocation pour adulte handicapé (AAH) devra enfin verser 1 500 € de dommages et intérêtset 1 000 € de frais de justice à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), 1 000 € de dommages et intérêts au Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme et 1 500 € à une contributrice du site TribuneJuive.info.
La lessive avec une étoile de David « pour un monde plus propre »
Cette dernière avait directement été ciblée par le prévenu, qui avait également posté des photos d’un baril de lessive avec une étoile de David « pour un monde plus propre » ou encore celle d’un Juif avec un pistolet sur la tempe… Il avait aussi mis en ligne d’autres images, comme celle d’un officier nazi étranglant une personne affublée d’un visage de rat.
Le sexagénaire impute semble-t-il ses déboires personnels aux Juifs : « placé dans une famille d’accueil en Suisse » dans son enfance, et ayant commencé à travailler comme « bûcheron » puis « écuyer », il a « tout perdu » après être devenu armateur. L’homme a encore fait une « énorme faillite », après avoir « possédé deux usines en Chinedans le plastique ».
Il avait alors quitté la Chine pour le Viet-Nam, où il rencontrera sa femme. À présent divorcé, ce père de deux filles de 19 et 20 ans a terminé sa carrière comme « éleveur de bovins » à Teillé, une activité qui lui permet aujourd’hui de « survivre ».
Devant les enquêteurs, le sexagénaire a expliqué s’être fait bloquer son compte Facebook « pour des conneries » : il avait par exemple mis en ligne « le dessin d’une pin-up les seins nus ». Après avoir « arrêté » Twitter en 2017, le sexagénaire a « supprimé » son compte Facebook en juillet 2018 et « n’a plus accès » au réseau social russe VK depuis les faits.
Son compte avait été « piraté »
L’homme – qui a été condamné entre-temps pour de nouveaux propos discriminatoires – était absent à l’audience mais était représenté par son avocat, Me Pierre Huriet. Par son intermédiaire, le sexagénaire assurait que son compte avait été « piraté » et regrettait qu’il n’y ait pas eu davantage d’investigations pour identifier l’auteur des messages.
Une défense « habilement plaidée » mais pas suffisante pour convaincre le tribunal, a commenté le président après le rendu de la décision. « C’est vrai qu’on aurait pu vérifier davantage les éléments d’identification, mais l’audition était très claire : le prévenu n’évoque le piratage de son compte qu’à partir d’avril… Il reconnaît donc au moins une partie des faits », en a déduit le président du tribunal correctionnel de Nantes.