Les noms des 4 200 juifs d’Alsace déportés par les nazis ont résonné ce dimanche à Strasbourg, place Broglie, à l’occasion de Yom HaShoah, journée dédiée à la mémoire des victimes du nazisme.
C’est une interminable et déchirante litanie. Des centaines de prénoms et de noms de nourrissons, d’enfants, de vieillards, de femmes et d’hommes dans la fleur de l’âge, des numéros de convoi, des lieux d’exécution parfois, égrenés pendant plus de cinq heures.
Ce dimanche, les noms des 4 200 juifs d’Alsace déportés résonnent toute la journée place Broglie, à l’occasion de Yom HaShoah. Créée en 1959 en Israël, importée en France en 1991, cette cérémonie annuelle de commémoration de la Shoah est organisée à Strasbourg, depuis 2006, par le Crif Alsace (Conseil représentatif des institutions juives de France), l’Union juive libérale et le Consistoire israélite.
Des hommes et des femmes réduits à des « Stücks » déshumanisés et numérotés
C’est d’ailleurs le grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, Harold Weill, qui a débuté peu avant 11 h la lecture publique. Simone Polak, 90 ans, qui a publié l’an passé un livre, Agis comme si j’étais toujours à tes côtés, témoignant de l’enfer d’Auschwitz qu’elle a connu il y a soixante-quinze ans, a pris le relais, puis d’autres représentants de tous âges de la communauté juive locale. Jusqu’à 16 h 30.
L’histoire bégaie
À plus forte raison en ces heures où l’histoire bégaie : « On continue de tuer des juifs parce qu’ils sont juifs, on continue de propager l’antisémitisme, parfois sous couvert de colère sociale », a rappelé Élie David. L’Alsace n’est malheureusement pas épargnée, comme en ont témoigné ces dernières semaines les insultes antisémites proférées devant la synagogue en février en marge d’une manifestation des Gilets jaunes, la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, à la fin du même mois, où encore les chants racistes entonnés par des étudiants de Sciences Po Strasbourg fin mars.
La bêtise n’est jamais une excuse, et le devoir de mémoire doit nous rappeler à nos devoirs d’humanité : « La lutte contre l’antisémitisme n’est pas l’affaire des juifs, a conclu la députée européenne Anne Sander. Elle est l’affaire de la République, et, à la veille d’élections cruciales pour l’avenir de l’Union, l’affaire de tous les Européens. »