BuzzFeed News a infiltré des groupes de discussion WhatsApp propices à la propagation de contenus nazis, sans modération aucune de la part de l’application de messagerie.
Les contenus antisémites et nazis ont trouvé un terrain de propagation privilégié sur WhatsApp. C’est ce qu’avance une enquête de BuzzFeed News, menée plusieurs mois durant. Neuf groupes de discussion de sympathisants néonazis allemands ont pour cela été infiltrés.
Ces groupes aux noms sans équivoque– The German Storm (la tempête allemande) ou Ku Klux Klan International – rassemblent chacun plusieurs dizaines de personnes, le nombre maximal de personnes participant à un canal de discussion étant plafonné à 256.
Faciles à trouver en ligne, ils se prêtent à l’échange de messages mentionnant Adolf Hitler ou de mèmes le mettant en scène. Des articles hostiles aux étrangers y sont également diffusés, selon le média américain.
Kaum ermöglicht #WhatsApp Sticker zu erstellen und zu nutzen, fluten Rechtsextreme ihre Gruppenchats mit volksverhetzender NS-Symbolik (Hakenkreuze, SS-Runen, Hitler-Bilder uvm.) @WhatsApp, wie kann das verhindert werden? #Antisemitismus pic.twitter.com/JnrhqiDhJc
— Jüdisches Forum (@JFDA_eV) 15 novembre 2018
Une zone grise
En Allemagne, la diffusion publique de propagande et de symboles nazis est spécifiquement interdite dans la section 86 du code pénal. Or, l’utilisation des groupes de discussion sur WhatsApp peut se rapprocher d’une diffusion publique. Ils permettent en effet de transmettre à une audience limitée des messages, parfois sans même que les membres du groupe aient à répondre. Les contenus à connotation nazie diffusés par ce biais pourraient donc en théorie tomber sous le coup de la loi.
En octobre dernier, déjà, le Forum pour la démocratie et contre l’antisémitisme avait interpellé WhatsApp, en faisant remarquer que sa fonction « stickers » (qui permet l’envoi de dessins ou de personnages) était prisée des néonazis allemands pour diffuser certains symboles tels que des croix gammées ou des emblèmes des soldats SS.
L’Allemagne fait preuve d’une politique stricte à l’égard des contenus nazis diffusés en ligne. Si l’autorité allemande de régulation des jeux vidéo (USK) a levé l’interdiction de ces symboles en août dernier, les jeux vidéo devaient jusqu’alors respecter un article du code pénal qui leur interdisait de montrer des symboles inconstitutionnels, notamment tout ce qui a trait à la période nazie. Seuls les symboles pouvant être assimilés à de la propagande sont désormais bannis des jeux.