Le 26 mars 1979, le président égyptien Anouar el-Sadate –qui le paiera ensuite de sa vie– et le Premier ministre israélien Menahem Begin signaient à Washington, sous la houlette du président américain Jimmy Carter, le premier traité de paix entre un pays arabe et l’Etat hébreu.
Quarante ans après la signature du traité de paix entre l’Egypte et Israël, les relations entre les deux voisins, alliés majeurs des Etats-Unis au Moyen-Orient, ont survécu à toutes les convulsions régionales.
Le 26 mars 1979, le président égyptien Anouar el-Sadate, qui le paiera ensuite de sa vie, et le Premier ministre israélien Menahem Begin signaient à Washington, sous la houlette du président américain Jimmy Carter, le premier traité de paix entre un pays arabe et l’Etat hébreu. Depuis cette date, « l’Egypte est restée complètement extérieure à tout conflit armé (…) entre les Arabes et Israël », souligne Abdelazim Hammad, analyste politique au journal égyptien privé Al-Chorouk.
Le traité a mis fin à l’état de guerre entre les deux pays, en vigueur depuis le début du conflit israélo-arabe de 1948. Le 40e anniversaire de ce traité de paix intervient à un moment où la région subit encore largement les contrecoups des Printemps arabes en 2011.
L’Egypte a elle-même connu de nombreux troubles après le soulèvement populaire du 25 janvier 2011 qui a provoqué la chute du président Hosni Moubarak, puis l’arrivée au pouvoir un an plus tard de l’islamiste Mohamed Morsi.
Deux alliés de Washington
Même durant le court mandat de M. Morsi, destitué par l’armée en 2013, les relations bilatérales n’ont pas traversé de crise majeure, l’Egypte étant même restée un médiateur privilégié entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza. Malgré les troubles, la relation israélo-égyptienne est restée « stable » et « le traité de paix a perduré« , confirme Amr Choubaki, chercheur au Centre d’études politiques et stratégiques d’Al-Ahram.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis en 2017, l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sissi, comme d’autres pays arabes, a certes pu être embarrassée par les politiques du président américain au Moyen-Orient, jugées très favorables à Israël. Comme cette semaine lorsque M. Trump s’est dit favorable à la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, conquis par l’Etat hébreu en 1967 puis annexé en 1981.
« Le Golan syrien est un territoire arabe occupé » et son annexion est « nulle et non avenue » au regard du droit international, a réagi Le Caire, sans citer directement les déclarations du président américain.
M. Trump avait déjà rompu avec le consensus international en reconnaissant unilatéralement en décembre 2017 Jérusalem comme la capitale d’Israël, et en annonçant le transfert de l’ambassade de son pays dans la Ville sainte.
L’Egypte avait alors rappelé à plusieurs reprises sa position sur Jérusalem, assurant que la partie orientale de la ville devait un jour devenir la capitale de l’Etat auquel aspirent les Palestiniens. Cependant, Le Caire n’avait pas publiquement protesté contre la décision des Etats-Unis, qui lui apportent une aide conséquente.
L’Egypte a notamment bénéficié depuis 1980 d’une aide militaire de 40 milliards de dollars et d’une aide économique de 30 milliards USD, selon le département d’Etat. « Pour les Etats-Unis, l’armée égyptienne est un élément stabilisateur dans une région toujours secouée de tensions », explique M. Choubaki.
Coopération économique
La coopération entre l’Egypte et Israël s’est renforcée ces dernières années dans la péninsule du Sinaï (est). En vertu du traité de paix, l’Egypte a récupéré sa souveraineté sur le Sinaï, territoire occupé par Israël en 1967 lors de la guerre éclair des Six Jours. Or, depuis 2013, les forces de sécurité égyptiennes y affrontent des combattants jihadistes, dont une branche du groupe Etat islamique (EI).
Dans le Nord-Sinaï, territoire frontalier de la bande de Gaza et où sont actifs les jihadistes, les forces égyptiennes coopèrent avec des milices locales, ainsi qu’avec Israël. Dans une interview à la chaîne américaine CBS en début d’année, M. Sissi avait reconnu comme « véridiques » les informations selon lesquelles la coopération dans le Sinaï était la plus étroite qui ait jamais existé entre les deux voisins.
Début 2018, le quotidien américain New York Times avait fait état de dizaines de frappes aériennes israéliennes visant l’EI dans le Nord-Sinaï, avec l’accord des autorités égyptiennes, en deux ans. Au-delà de la coopération militaire, l’Egypte et Israël ont récemment développé leurs liens dans le domaine de l’énergie, devenu un enjeu stratégique majeur en Méditerranée orientale.
En février 2018, Le Caire avait notamment conclu un accord avec Israël pour le transfert de gaz naturel des champs israéliens de Tamar et Leviathan vers l’Egypte. Le ministre israélien de l’Energie Yuval Steinitz s’était rendu au Caire en janvier pour participer à une conférence sur le gaz naturel, une rare visite en Egypte pour un responsable israélien.