Camp de Gurs : un mémorial grâce à la Fondation pour la mémoire de la Shoah

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Un musée avec salles d’expo, auditorium et surtout du personnel pour les visites, pourrait enfin voir le jour sur le site du camp de Gurs.

« Pendant des années, nous avons cherché une collectivité pour financer notre projet de mémorial.Malgré les promesses, rien n’a été fait. Pourtant, tout le monde est d’accord pour dire que le devoir de mémoire est indispensable… » Antoine Gil et les autres membres de l’amicale ne cachent pas les difficultés qu’ils ont rencontrées dans leur projet de mémorial du camp de Gurs – ouvert le 2 avril 1939.


C’est finalement la Fondation pour la mémoire de la Shoah qui a proposé de porter le projet, d’un montant de 2 millions d’euros environ. « Un syndicat mixte regroupe les élus des trois communes concernées et des président des deux communautés de communes, et nous assurerons la maîtrise d’œuvre. Plusieurs associations (Mémoire de l’Espagne républicaine, Terres de mémoire…) seraient associées », précise l’amicale qui avait déjà mandaté un cabinet pour plancher sur le projet architectural et muséographique.

Pas de « Shoah business »

Le lieu serait constitué d’un bâtiment abritant deux salles d’exposition (une permanente et l’autre pour les expositions temporaires) et un auditorium d’une soixantaine de places.

Des étudiants du master Patrimoine et aménagement des musées à l’Université de Pau Pays de l’Adour travaillent à l’intégration du futur mémorial sur le site, sous la houlette de Christel Venzal, maître de conférences. « Ici, la forêt fait partie intégrante du site, explique-t-elle. Comme à Auschwitz où les fleurs repoussent, il faut concilier l’aspect patrimonial et la valorisation du lieu. »Et surtout, « éviter les dérives du ‘‘Shoah business’’ », comme à Cracovie, en Pologne, où des figurines de Juifs sont vendues comme des vierges à Lourdes…

Surtout, une équipe de valorisation de la mémoire pourrait venir remplacer les bonnes volontés qui, seules, assurent aujourd’hui la transmission de la mémoire du lieu.

« C’est maintenant ou jamais, explique encore Antoine Gil. Aujourd’hui, tout repose sur notre engagement. Nous sommes tous strictement bénévoles, et il y a peu de renouvellement dans l’association… » La plupart sont fils ou filles de personnes passées par la camp, dont une bonne part des républicains espagnols.

L’intérêt d’un tel mémorial semble d’ailleurs renforcé par la dynamique de l’autre côté des Pyrénées : « Pendant des années, on n’a jamais vu un Espagnol sur le camp. Et aujourd’hui, il n’y a pas une semaine sans que deux ou trois bus venant d’Espagne débarquent ! », remarque Antoine Gil. Comme à Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, où le mémorial du camp ne désemplit pas.

Source sudouest