Les manifestations susceptibles de remettre en cause la gestion par le Hamas de Gaza sont rapidement et violemment réprimées, à l’instar de celles qui dénonçaient la pénurie d’électricité il y a plus de deux ans.
L’envoyé de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a condamné hier la répression violente par le mouvement islamiste Hamas de manifestations pacifiques dans la bande de Ghaza qu’il contrôle depuis 2007. Depuis jeudi, des centaines de Palestiniens manifestent dans plusieurs localités contre l’augmentation du coût de la vie dans cette enclave contrôlée par le Hamas. Près de deux millions d’habitants vivent dans ce territoire et sont soumis à la dictature absolue de ce mouvement terroriste.
Hamas, the terrorist org that occupies Gaza since 2007, has opened fire on hundreds of Palestinians who protested today against its responsibility for their miserable lives.
They said: « We want to live! »
Hamas said: « We will kill you for saying this ». #بدنا_نعيش #الترنس_يجمعنا pic.twitter.com/7zyvSStHFg
— Ofir Gendelman (@ofirgendelman) 14 mars 2019
Le Hamas, accuse les manifestants d’être téléguidés par Ramallah, la réconciliation entre factions étant dans l’impasse totale. « Selon certains rapports des services de sécurité, l’AP essaie de pousser les gens dans la rue pour créer le chaos et défier le Hamas », dit Ghazi Hamad, haut responsable du mouvement islamiste pour les relations internationales.
« On n’est pas derrière tout ça, c’est un honneur qu’on ne peut revendiquer,expliquait au Monde dans l’après-midi Atef Abou Seif, porte-parole du Fatah à Gaza. Ce mouvement spontané est orienté contre le groupe au pouvoir depuis douze ans, qui vit aux dépens du peuple. Le Hamas est une machine à excuses et à accusations. » Dans la soirée de lundi, Atef Abou Seif a été attaqué dans la rue par plusieurs individus. Il a été hospitalisé avec des fractures au bras et à la jambe. Un avertissement clair adressé à Ramallah.
Des dizaines de personnes, dont des journalistes et des membres d’organisations de défense des droits humains, ont été arrêtées, les forces de sécurité réprimant violemment les manifestations, selon plusieurs organisations de défense des droits humains. «Je condamne fermement la campagne d’arrestations et la violence utilisée par les forces de sécurité du Hamas contre les manifestants, dont des femmes et des enfants, à Gaza ces trois derniers jours», a déclaré M. Mladenov dans un communiqué.
✊Gazans are taking to the streets against the authoritarian rule of #Hamas. Their protests are being violently suppressed.
Where is the solidarity from ‘friends of Palestine’? #FreeGaza pic.twitter.com/oX5d9fTOgW
— Mark Regev (@MarkRegev) 18 mars 2019
«Je suis particulièrement inquiet par l’attaque brutale de journalistes et d’employés de la Commission indépendante pour les droits humains ainsi que par les perquisitions dans les maisons», écrit l’émissaire de l’ONU. Il a ajouté que «le peuple de Gaza, qui souffre depuis longtemps, protestait contre la désastreuse situation économique et exigeait une amélioration des conditions de vie dans la bande de Ghaza. C’est son droit de manifester sans craindre des représailles».
That’s life in Gaza under Hamas’ terrorist rule: Gazans are taking to the streets in order to protest about their miserable lives under Hamas’ rule.
And what does Hamas do? Its terrorists are shooting them in the streets! #بدنا_نعيش pic.twitter.com/Zq06NLWE0K
— Ofir Gendelman (@ofirgendelman) 16 mars 2019
Des factions et des forces politiques palestiniennes ont affiché leur soutien aux manifestations. Onze factions et forces politiques, y compris le Fatah, ont publié une déclaration dans un communiqué de presse commun au terme d’une réunion d’urgence organisée à Gaza samedi après-midi. Le communiqué commun appelle à la «poursuite des manifestations populaires et pacifiques, au respect du droit de manifester et recommande la protection des biens publics». Les factions ont exigé également du Hamas qu’il «retire toutes les forces de sécurité des rues principales et des places publiques et à libérer ceux qui ont été arrêtés lors des manifestations pacifiques».
The Palestinian #Bouazizi: A Palestinian from one of the refugee camps in Gaza torched himself today as a protest against Hamas’ terrorist rule. For 3 days now, Gazans are taking to the streets against Hamas. They want a decent life. They deserve it, #بدنا_نعيش #الترنس_يجمعنا pic.twitter.com/EPDX3pmM0W
— Ofir Gendelman (@ofirgendelman) 16 mars 2019
Ça c’est quand même énorme : le Fatah terroriste, qui contrôle des territoires bien bouclés et bien censurés, donne des leçons de démocratie à son ennemi juré, le Hamas terroriste. Allez, on se marre, et on attend les condamnations de conseil de droits de l’homme……
Les parties signataires du communiqué ont également exhorté le Hamas à mettre un terme à toutes les formes de taxation sur les marchandises et à déterminer les besoins du marché en marchandises exportées. Elles ont aussi demandé à l’Egypte de «recommencer immédiatement à déployer des efforts pour réaliser la réconciliation palestinienne et ont préconisé une réunion d’urgence, avec toutes les factions et toutes les forces politiques, au Caire, ainsi que la mise en œuvre des accords de réconciliation signés».
Today it became clear for the umpteenth time Hamas is a terrorist gang that kidnapped 2 million Palestinians & oppresses them. Thousands of Gazans protested today against it.
Hamas leaders have everything while Gazans have nothing. And only Hamas is to blame for that. #بدنا_نعيش pic.twitter.com/u2pYThCr2t
— Ofir Gendelman (@ofirgendelman) 14 mars 2019
C’est sur, l’Egype n’est pas un soutien du Hamas et bloque les accès à Gaza depuis des lustres. Alors quoi de plus naturel que de solliciter l’Egypte?
« L’argent du Qatar »
En raison du silence des journalistes locaux, pétrifiés, seules les vidéos des participants ont donné chair au mouvement. Les images ont été reprises en masse sur les réseaux sociaux israéliens, par exemple par Ofir Gendelman, porte-parole du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, pour le monde arabe.
Hundreds of Palestinians in Gaza demonstrated today against Hamas’s oppresive & terrorist rule & occupation of Gaza. Their slogan: « We want to live! ».
Hamas dispersed them w/ brute force and live fire. They deserve a better life, without Hamas. #بدنا_نعيش #الترنس_يجمعنا pic.twitter.com/yP8DnLi2wB
— Ofir Gendelman (@ofirgendelman) 14 mars 2019
Ceux qui avaient nié toute spontanéité à la « marche du retour », présentant ses participants comme des pions, chantent les vertus des Gazaouis engagés dans ce nouveau mouvement. Or, ce sont largement les mêmes. « Une majorité parmi nous a participé à la marche, comme moi, dit Khaled S. Mais celle-ci a échoué, en ne servant au final que le Hamas, qui a fait entrer l’argent offert par le Qatar pour les siens. »