Alors que le grand rassemblement contre l’antisémitisme doit avoir lieu ce mardi, l’idée de Fabienne Keller, sénatrice strasbourgeoise, fait des émules : un sculpteur propose de travailler à une buste de Marianne en lui donnant les traits de Simone Veil.
Ce mardi 19 février aura lieu le grand rassemblement contre l’antisémitisme, partout en France. En Alsace, plusieurs rendez-vous sont fixés, notamment à 19h à Strasbourg, place de la République. Des rassemblements en réaction aux gestes antisémites qui se répètent : en marge de manifestations des gilets jaunes comme samedi à l’encontre d’Alain Finkielfraut à Paris, mais aussi à Strasbourg le samedi 9 février pendant l’acte 12 de la mobilisation avec des insultes proférées aux abords de la Synagogue… ou encore les tags retrouvés sur des portraits de street art de Simone Veil à Paris.
Dans ce contexte, l’idée de Fabienne Keller fait des émules : la sénatrice strasbourgeoise propose de représenter Marianne sous les traits de Simone Veil. Son tweet a obtenu plus de 10.000 mentions « j’aime ».
Donnons à Marianne les traits de #SimoneVeil !
Elle est l’incarnation de la #France et de la #République,de leurs valeurs, de leurs combats. Après Deneuve, Bardot, Casta… cela aurait du sens de donner à notre incarnation nationale le visage de l’une de ses plus grandes femmes! pic.twitter.com/4yAmkYBRqD— Fabienne Keller (@fabienne_keller) 12 février 2019
Un sculpteur installé à Fortan dans le Loir-et-Cher propose de travailler sur un buste. Dans l’atelier de Fabrice Gloux trône déjà un buste de Simone Veil qu’il a réalisé l’an dernier. Il rêve d’ailleurs d’en réaliser un en marbre pour l’Assemblée nationale. Lui n’a pas été surpris par les tags antisémites découverts à Paris. « Malheureusement la bêtise humaine est universelle et constante… Il n’y a pas de progrès dans tout ça. Ce n’est pas parce qu’il y a eu la Shoah que les choses vont s’arranger, on l’a bien vu. »
Lorsqu’il a entendu l’idée de donner les traits de Simone Veil à Marianne, le sculpteur a été séduit. Pour lui, cela va bien au-delà d’une réponse à l’antisémitisme. « Son visage incarne des valeurs parce qu’on a vécu avec elle ses combats, le parcours qu’elle a eu, c’est ce qui fait qu’elle imprime positivement, je pense, dans l’image collective » explique l’artiste. La famille de l’artiste vivait dans les Vosges pendant la Seconde guerre mondiale et était dans la résistance, d’où sa fascination pour l’ancienne déportée devenue ministre puis présidente du parlement européen : « Ma grand-mère m’en a énormément parlé avec beaucoup de ferveur et d’admiration, elle a marqué mon enfance, et puis en plus avec des combats admirables comme la loi pour l’avortement ou pour la réunification européenne. » C’est ce qui l’a poussé à réaliser un premier buste en 2018.
Le sculpteur estime d’ailleurs que Simone Veil fait partie du quotidien des Français : « Il y a quelque chose de l’ordre de l’Histoire, de l’humain mais aussi du familier. C’est comme dans une famille où l’on aime une personne si vous voulez, on aime voir son visage. Simone Veil a eu une grande longévité dans la vie publique, on a donc eu le temps de voir son visage évoluer, ses expressions, ses traits restent. »
Fabrice Gloux s’intéresse d’ailleurs aux grandes femmes. Il a déjà réalisé un buste d’Olympe de Gouges pour l’Assemblée nationale, mais aussi un buste de la championne paralympique Marie-Amélie Le Fur… en Marianne justement. Pour Simone Veil, il a déjà des idées : « On la connaît avec son chignon, c’est sa représentation. Moi je réfléchis à sa chevelure. » L’artiste espère obtenir des soutiens mais il affirme que dans tous les cas, il s’attellera à cette nouvelle Marianne.