Le ministre israélien de l’Energie, Yuval Steinitz, juge « lamentable » la vision de Patrick Pouyanné, qui estime qu’il est trop « complexe » d’investir en Israël.
Israël ne cache pas sa colère contre Total. La compagnie pétrolière française est accusée d’avoir « des décennies de retard » et de rester tributaire de « la tyrannie et de la dictature » de Téhéran par le ministre israélien de l’Energie Yuval Steinitz, dont les propos sont rapportés ce lundi par le « Financial Times ».
A l’origine de ces critiques, les déclarations du PDG de Total Patrick Pouyanné, également dans le « Financial Times ». Le patron de la major tricolore avait estimé qu’il était trop « complexe » d’investir dans le pays, devenu un fournisseur de gaz auprès de ses voisins , du fait des relations de l’entreprise avec les autres Etats de la région.
« Nous aimons les situations complexes (…) jusqu’à un certain point », explique Patrick Pouyanné. L’enjeu, a-t-il ajouté, n’est pas suffisamment important pour accepter les risques associés, notamment en terme de concurrence dans la région.
Yuval Steinitz déclare « rejeter » cette vision qu’il qualifie de « lamentable ». « Nous réfléchirons à notre réaction à ceci, car il est totalement inacceptable de boycotter [Israël] », ajoute le ministre israélien.
Gigantesques réserves sous-marines
Total devait être le principal investisseur international en Iran avec son projet de développement d’une partie du gisement gazier de South Pars, avant que le rétablissement des sanctions américaines contre la République islamique ne contraigne le groupe français à suspendre son projet.
Total a, de plus, fait de l’est de la Méditerranée l’une des principales régions de sa stratégie d’exploration . La zone pourrait en effet abriter de gigantesques réserves gazières sous-marines, notamment dans les eaux chypriotes, égyptiennes, et israéliennes.
Total, associé à l’Italien ENI, a ainsi découvert l’an dernier d’importantes réserves au large de Chypre. Le groupe doit également explorer cette année deux champs pétroliers au large du Liban dans le cadre d’un consortium international qu’il mène, incluant ENI et le russe Novatek.
Le groupe français a, de plus, annoncé l’an dernier se renforcer en Libye avec une prise de participation dans le champ pétrolier de Waha. Un investissement mesuré (450 millions d’euros), mais dans un pays à la situation « complexe », s’il en est.