Au moins 250 personnes sont venues écouter dimanche soir Dieudonné dans le village de Dienné (Vienne). Habitué des dérapages, le polémiste a récidivé faisant dire à l’un de ses personnages que « les chambres à gaz n’existent pas ».
Un spectacle d’un heure et demie dans une salle bondée, un public de tout âge, des couples aux bandes de copains, venus parfois avec le gilet jaune floqué du slogan « Macron tu la sens la quenelle »… Les spectateurs sont unanimes à la sortie. « Formidable ! On a bien rigolé et non ça ne m’a pas choqué »
Sur une musique de bruits de bottes, Dieudonné commence par conspuer ce qu’il appelle « la République franco-israélienne ». Emmanuel et Brigitte Macron, la justice, les médias, BFMTV, CNews et le service public sont copieusement moqués voire insultés.
Dieudonné fait du Dieudonné
Pendant une vingtaine de minutes, le polémiste tourne en dérision le tribunal de Nuremberg qui a jugé les criminels de guerre nazis après la Seconde Guerre Mondiale. « C’est peut-être exagéré mais ça reste drôle », affirme Manu venu avec son amie Aurélie, fans de « Dieudo ». « Il critique toutes les religions, tape sur tout le monde », dit un autre spectateur.
Sans jamais prononcer le mot juif, Dieudonné en fait pourtant l’un des fils conducteurs de son spectacle, de sketch en sketch, allant jusqu’à faire dire à l’un de ses personnages que « les chambres à gaz n’existent pas ». Valentin, un jeune artisan, n’a pas honte de le reconnaître. « Moi ça m’a fait rire, je ne sais pas si c’est vrai ou faux je ne suis jamais allé à Auschwitz, on me bassine beaucoup avec la Shoah, peut-être parce que cela s’est passé aussi en France mais on parle très peu de l’esclavage. »
La mairie de Dienné déplore la venue du polémiste
Après avoir acheté leur place sur internet (30 euros en moyenne), les spectateurs ont été prévenus par SMS quelques heures avant la représentation du lieu où se rendre, à Dienné. Chacun était invité à apporter sa propre chaise pliante. Le spectacle s’est tenu dans une salle privée appartenant à DéfiPlanet’, un parc de loisir qui aurait été piégé, selon le maire, par le nom d’emprunt sous lequel aurait été effectué la réservation. D’où l’absence de chaise.
« Je déplore que l’actualité associe le nom de ma commune à ce monsieur dont on connait les positions sulfureuses, antisémites et j’en passe. Pour ma part j’ai été informé très tardivement de sa venue sur le site de DéfiPlanet’, un parc de loisir où une salle avait été louée sous un nom d’emprunt », explique Christian Largeau, le maire de Dienné, commune de 554 habitants.
L’élu tient à préciser qu’à Dienné, « on est loin, très très loin de cautionner tout ce que ce personnage peut véhiculer comme provocations. S’agissant d’un site privé, je n’avais pas de droit de regard, mais si l’on avait été au courant, nous aurions pris des dispositions. »