Le collège manceau porte désormais le nom de ce rescapé sarthois de la rafle du Vél’ d’Hiv, en 1942. Une grande émotion pour Joseph Weismann, qui va maintenant « prendre sa retraite » après avoir témoigné pendant plus de 20 ans dans les écoles de Sarthe et d’ailleurs.
Lorsqu’il a découvert le nouveau totem à son nom, à l’entrée de l’établissement, Joseph Weismann, 88 ans, a ressenti « une grande émotion ». Puis il a pensé à « [ses] parents » qui, contrairement à lui, n’ont pas pu échapper à la barbarie nazie.
Samedi, le collège du Villaret au Mans a été rebaptisé collège Joseph Weismann en l’honneur de ce rescapé sarthois de la Shoah, ce petit « Jo » dont l’histoire a inspiré le film La Rafle. Arrêté à l’âge de 11 ans avec ses parents et ses deux soeurs lors de la rafle du Vel d’hiv, à Paris en 1942, puis transféré au camp de Beaune-la Rolande, dans le Loiret, il était parvenu à s’échapper, évitant ainsi la déportation vers les camps d’extermination. Une chance que n’a pas eue le reste de sa famille.
C’est cette histoire qu’il raconte depuis des années dans les collèges et les lycées de Sarthe et d’ailleurs. Depuis 1996 et sa rencontre avec Simone Weil, qui l’incita à faire quelque chose pour « son devoir de mémoire », Joseph Weismann a témoigné plus de 200 fois auprès d’élèves. « Mais vous savez, explique-t-il, je n’ai jamais été volontaire, j’ai répondu tant que possible aux sollicitations. Parce que chaque témoignage, ce n’est pas une conférence. Je suis extrêmement éprouvé à chaque fois de replonger dans tout ça, je me vide de toute ma substance. »
C’est pourquoi il a décidé de « prendre sa retraite »… Enfin presque : « Je vais en faire encore 3 ou 4 cette année, un ou deux l’année prochaine et puis peut-être plus… Puis je ne serai peut-être plus là dites donc ! » En attendant, il travaille aussi sur un documentaire avec les élèves de la section cinéma du lycée Bellevue au Mans, qui deviendra un outil pédagogique. Pour que son témoignage continue d’éclairer la jeunesse même après sa disparition.
À noter. Tous les collèges sarthois qui ne portent pas le nom d’une personne vont être rebaptisés. Les prochains sur la liste sont le collège d’Anjou, à Sablé, qui prendra le nom de Simone Veil. Le collège Vauguyon au Mans deviendra lui le collège Joséphine Baker.
En revanche, le département refuse toujours de changer le nom du collège Roger Vercel, malgré le débat soulevé depuis plusieurs années.