Les Témoins de Lendsdorf : sortie en salles le 13 mars de ce film israélien

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En novembre 2018, « Les Témoins de Lendsdorf » d’Amichai Greenberg avait été primé au festival du Film d’histoire de Pessac. C’est  l’histoire de Yoel, un historien juif orthodoxe, chargé de la conservation des lieux de mémoire liés à la Shoah.

Yoel est un historien juif orthodoxe, chargé de la conservation des lieux de mémoire liés à la Shoah. Depuis des années, il enquête sur un massacre qui aurait eu lieu dans le village de Lendsdorf en Autriche, au crépuscule de la Seconde Guerre Mondiale. Jusqu’ici patientes et monacales, ses recherches s’accélèrent lorsqu’il se voit assigner un ultimatum : faute de preuves tangibles des faits, le site sera bétonné sous quinzaine…


Amichai Greenberg nous fait suivre l’enquête menée par un historien. Une enquête qui, petit à petit, alors que l’urgence devient de plus en plus astreignante, prend la forme d’un véritable thriller. Son personnage principal, Yoel, a une caractérisation restreinte à trois éléments : son travail, sa religion et sa famille. Cette représentation en fait un individu très limité, et il apparaît alors inévitable que l’enjeu majeur du long-métrage va s’avérer être, davantage que la lumière sur un massacre commis 78 ans plus tôt, l’émancipation de Yoel vis-à-vis de ces trois carcans personnels.

« Le propre de l’Homme, c’est l’oubli ». Une petite phrase loin d’être anodine dès lors qu’il est question des exactions du Troisième Reich. La question de l’identité israélienne, et par extension du peuple juif dans son ensemble, au regard de la mémoire de ce passé douloureux est alors posée. Faut-il dès lors voir de la maladresse ou de la pudeur de la part de Greenberg lorsqu’il s’interdit de s’engouffrer dans cette brèche idéologique, préférant se concentrer sur son personnage principal ? Le traitement du sujet de ce lourd héritage prend, rapidement et sans surprise, une tournure bien plus intime pour Yoel dès l’instant où le passé de sa propre mère se retrouve mêlé à ses recherches historiques. Et tandis qu’il remet en question sa propre identité, sa relation avec son neveu, qu’il prépare à sa Bar-mitzvah, en vient à être elle aussi ébranlée, permettant au réalisateur de mettre en avant les difficultés de transmettre cette identité juive de génération en génération.

Le mélange de genre est atypique. Il en découle que le véritable mystère qui alimente l’intrigue n’est en rien la recherche de la fosse commune du massacre commis dans le village autrichien en 1945, qui en arrive presque à apparaître anecdotique, mais bel et bien les mensonges du personnage de la mère. On comprend alors les limites de ce dispositif, qui empêche à son auteur de traiter la Shoah autrement que comme un lointain souvenir auquel son personnage semble être l’un des derniers israéliens à se rattacher, de façon quasi obsessionnelle, à défaut de réussir à se construire sa propre identité. Si, au final, on se réjouit de voir cet homme réussir à convaincre ses contemporains que le village de Lendsdorf mérite d’être considéré comme un lieu historique, ce n’est donc certainement pas dans le cadre d’une forme de revanche du présent sur le passé, mais bien parce qu’on sait qu’il pourra ensuite passer à autre chose.

Source avoir-alire