Collaborateur du « New York Times » et du « Washington Post », Matti Friedman a reconstitué l’histoire de quatre pionniers juifs orientaux ayant œuvré à la fondation d’Israël.
Ils sont nés en Syrie, au Yémen, à Jérusalem, en Palestine mandataire. En 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël, le plus âgé d’entre eux avait 25 ans. Au sein de l’unité combattante Palmach, on les surnommait mista’arvim, « ceux qui passent pour des Arabes ». Ces jeunes Juifs orientaux parlaient leur langue, mangeaient et cuisinaient comme eux. Lors de feux de camp, leurs chants étaient truffés de termes arabes, passés, par leur intermédiaire, dans l’hébreu moderne.
Missions cruciales
Sur la douzaine d’hommes qui formèrent la section « arabe » du Palmach, et inventèrent en chemin leurs propres méthodes d’espionnage, la moitié mourut pendant la guerre d’indépendance. L’autre moitié poursuivit ses activités au sein du Mossad, les services secrets israéliens. Isaac Shoshan, 93 ans, est le seul toujours en vie.
Le journaliste d’investigation Matti Friedman l’a fréquenté plusieurs années, parce que « le temps passé en compagnie d’anciens espions n’est jamais perdu ».C’est ainsi qu’il a découvert et reconstitué l’histoire de quatre infiltrés qui, jusqu’à la fin des années 1940, ont opéré sous couverture à Haïfa et Beyrouth. Missions cruciales de renseignement, parfois de sabotage, avec le risque d’être arrêtés par la police égyptienne, à Gaza, ou démasqués lors d’une transmission radio comme « espions sionistes ».
Portrait pluriel
Longtemps correspondant d’Associated Press en Israël, dans les territoires palestiniens et au Liban, Matti Friedman collabore désormais au New York Timeset au Washington Post. Avec le passionnant Espions de nulle part, portrait pluriel de ces hommes de l’ombre, l’auteur du Codex d’Alep (Albin Michel, 2014) répare une injustice en rendant plus largement leur importance, dans la fondation d’Israël, aux pionniers mizrahim et séfarades ; population longtemps méprisée, dont les descendants constituent aujourd’hui plus de la moitié de la population juive du pays.
Lire un extrait sur le site des éditions Liana Levi.