Les deux dirigeants d’un journal gratuit de la région de Toronto qui préconise la légalisation du viol et nie l’Holocauste ont été reconnus coupables, jeudi, d’incitation à la haine, contre les femmes et les Juifs.
En rendant son verdict contre James Sears et LeRoy St. Germaine, le juge Richard Blouin, de la Cour de l’Ontario, a qualifié la preuve d’accablante.
Sears, âgé de 55 ans, rédacteur en chef de Your Ward News, et St. Germaine, âgé de 77 ans, éditeur du journal gratuit, avaient plaidé que leur publication se voulait satirique ; le juge Blouin a estimé que leurs points de vue odieux n’avaient rien de comique. Le juge a plutôt conclu que les deux hommes étaient pleinement conscients de faire la promotion de la haine et qu’ils souhaitaient répandre cette haine autour d’eux.
Sears, un médecin qui avait été radié au début des années 1990 pour inconduite sexuelle avec trois femmes, s’est comparé après le verdict à Jésus victime de persécution ; il a annoncé qu’il ferait appel du verdict. Les observations sur la peine sont prévues le 26 avril. St. Germaine et Sears sont passibles d’une peine maximale de 5000 $ et/ou de six mois de prison pour chacun des chefs auxquels ils font face.
Le journal évoquait aussi un complot juif mondial, assoiffé de sang. Le procureur Flumerfelt a déclaré que l’imagerie générale décrivait les Juifs comme des diables, avec des langues de serpent et des mains de reptiles. Le journal prétendait aussi que les Juifs étaient à l’origine des attentats terroristes du 11 septembre 2001 et que la Shoah était un mythe juif pour renforcer leur contrôle sur le monde.
«Voilà des exemples de communications que les accusés ont mises à la disposition de centaines de milliers de foyers sans qu’on leur demande», a déclaré Me Flumerfelt au tribunal.
Sears et Sainte-Germaine avaient plaidé non coupables de deux chefs d’accusation de promotion volontaire de la haine contre des groupes identifiables. L’avocat de Sears, Dean Embry, a plaidé que les tribunaux ne devaient pas criminaliser l’antiféminisme. Selon l’avocat, la publication ne vise que certaines femmes et certains Juifs: même si le journal est offensant et va parfois trop loin, a-t-il plaidé, il ne prône ni la haine ni la violence contre ces groupes en général.
Le gouvernement fédéral a interdit à Postes Canada de distribuer ce journal.