Facebook a introduit une nouvelle manière de compter les membres actifs dans les « groupes Facebook », un outil utilisé notamment par les manifestants et réunion fasciste notoire : le point de ce WE.
Les « groupes Facebook » ont été ces dernières années largement promus par l’entreprise californienne pour que les utilisateurs du réseau social puissent partager et discuter des thématiques qui les intéressent, à travers un espace commun public ou fermé. Comme de nombreux outils proposés sur les réseaux sociaux, il est possible de voir le nombre d’utilisateurs présents dans un groupe Facebook, afin de juger de son importance, de voir qui en sont les participants, ou le rythme des discussions qu’il est possible d’y tenir.
Mais ces derniers jours, les membres de ces groupes ont pu être confrontés à des changements dans le comptage des participants, modifiant, potentiellement à la baisse, le nombre de membres d’un groupe dont ils font partie. En France, de nombreux utilisateurs de Facebook s’en sont rendu compte après un message écrit par Eric Drouet, l’une des figures du mouvement de contestation des « gilets jaunes ».
Ces derniers utilisent massivement les groupes Facebook, depuis novembre 2018, pour diffuser ou coordonner leurs actions et leurs revendications. « Gros souci un peu partout !! 50 000 membres disparus sur la France en colère. 1 million sur le compteur officiel. Et plein de groupes dans le même cas », a posté Eric Drouet jeudi 17 janvier dans le groupe « La France en colère !!! », l’un des plus gros groupes Facebook du mouvement (plus de 306 000 membres au vendredi 18 janvier).
Vingt-huit jours pour participer
L’explication vient directement de Facebook : la baisse du nombre de participants est liée à une mise à jour sur la comptabilisation et la participation des membres d’un groupe. Contacté par Le Monde, Facebook précise que ces changements ont été déployés dans la semaine du 14 janvier. Selon ces nouvelles règles, les utilisateurs de Facebook ne peuvent plus faire entrer un de leurs contacts dans un groupe Facebook sans l’autorisation de ce dernier. Auparavant, il était possible de pouvoir inscrire un utilisateur de Facebook dans un groupe, même si celui-ci n’avait rien demandé.
Comme l’explique un porte-parole de Facebook :
« Désormais, lorsqu’une personne est invitée et approuvée par un administrateur ou un membre, elle pourra d’abord prévisualiser le groupe et aura la possibilité d’accepter ou de refuser l’invitation. Si la personne n’accepte pas l’invitation, elle ne sera pas incluse à la liste des membres du groupe. »
Selon le réseau social, les membres de Facebook qui avaient été invités à rejoindre un groupe mais qui n’avaient jamais été voir de quoi il retournait figurent désormais dans une partie appelée « Invités », jusqu’à ce qu’ils acceptent leur invitation : une invitation qui n’est désormais valable que pendant vingt-huit jours.
Un million de membres en moins
Parallèlement à ces changements, Facebook a décidé d’exclure des groupes Facebook existants, de manière globale, toutes les personnes qui avaient été placées dans un groupe par un de leurs contacts Facebook, mais n’y avait jamais participé. Ce qui a pu conduire à des changements considérables dans la taille des groupes Facebook. L’une des plus spectaculaires a concerné le groupe « Compteur officiel de gilets jaunes », qui a perdu subitement près d’un million de membres : il en avait, vendredi 18 janvier, un peu plus de 1,8 million, contre 2,8 millions en début de semaine.
Comme le note le journaliste Vincent Glad, qui observe à la loupe la vie des « gilets jaunes » sur Facebook depuis plusieurs semaines, cette évolution à la baisse donne un visage plus fidèle à la mobilisation en ligne des dernières semaines :
C’est une nouvelle importante. Pour la première fois, on a un chiffrage fiable du nombre de gilets jaunes en France (au moins sur FB)
La page compteur officiel de gilets jaunes ne compte plus toutes les personnes invitées par des amis (ce qui était le cas auparavant). pic.twitter.com/EkF75q8afN
— Vincent Glad (@vincentglad) 17 janvier 2019
Ces évolutions traduisent, également, les interrogations que certains professionnels travaillant avec Facebook peuvent avoir sur la réalité des audiences et des chiffres des activités tenues sur le réseau social. En octobre 2018, des publicitaires américains ont ainsi formellement accusé Facebook aux Etats-Unis d’avoir transmis des chiffres incorrects et largement surévalués concernant le nombre de visionnages, ainsi que sur le temps passé à regarder des vidéos sur le réseau social.
Eux aussi ont battu le pavé chaque samedi depuis deux mois: des ténors de l’ultradroite veulent « aiguillonner les +gilets jaunes+ » pour « abattre le système », un projet qui trouve un écho mitigé pour cause d’antisémitisme affiché par certains.
Pour jauger l’ampleur de ses troupes, Yvan Benedetti, ancien patron de l’Oeuvre française, un groupuscule pétainiste dissous et « gilet jaune de la première heure », a convié quatre orateurs à une « réunion » samedi dans une salle de Rungis (Val-de-Marne), au moment où 84.000 protestataires défilaient en France dans le cadre de l’acte 10 du mouvement.
Et à l’applaudimètre, l’essayiste d’extrême droite Alain Soral l’emporte. « Soral ! Soral ! », scandent les 500 personnes venues l’écouter lui, mais aussi l’écrivain antisémite Hervé Ryssen, un membre du groupuscule monarchiste Action française et Jérôme Bourbon, directeur de l’hebdomadaire d’extrême droite « Rivarol ».
Jeudi, le tribunal correctionnel de Bobigny condamnait Alain Soral à un an de prison ferme pour avoir injurié une magistrate et tenu des propos antisémites sur son site internet. Il y avait notamment écrit: « Les juifs sont manipulateurs, dominateurs et haineux ».
Mais samedi, Alain Soral est venu encenser les « gilets jaunes », un mouvement qui incarne « la droite des valeurs et la gauche du travail. C’est l’alliance de la classe moyenne et du prolétariat ». Il juge que les protestataires, qui réclament plus de pouvoir d’achat et de peser davantage dans le débat, « valident (son) combat ».
Dans l’assistance, Laurent (prénom modifié), manutentionnaire, acquiesce: « Je suis +gilet jaune+ depuis le début. Franchement, j’en peux plus de Macron et de ses amis de la finance cosmopolite ».
A ses côtés, beaucoup d’hommes, quelques femmes. Un militant de l’Action française porte un gilet jaune sur lequel est écrit « Vive le Roy ! ». Le public applaudit lorsqu’Alain Soral assure que « les +gilets jaunes+ ont mis à bas le national-sionisme » ou quand Jérôme Bourbon fustige le « dogme holocaustique (sic) ».
Yvan Benedetti, lui, jubile: « Avec les +gilets jaunes+ on assiste à l’effondrement de la croyance dans la société de consommation ». Mais il affirme ne pas vouloir récupérer le mouvement. Il entend l' »aiguillonner ».
L’antisémitisme, produit culturel
Mais cette ultradroite, qui honnit Marine Le Pen pour sa « soumission au système », peut-elle trouver un écho chez les « gilets jaunes » ?
Dans les cortèges parisiens notamment, certains manifestants ont fait « la quenelle », un geste créé par Dieudonné, vu par ses détracteurs comme un salut nazi inversé, comme un geste antisystème par les partisans du polémiste plusieurs fois condamné. D’autres « gilets jaunes » vilipendent aussi bien « le système » que « la finance mondiale« .
Autant de propos que tiennent volontiers les ténors de l’ultradroite qui développent un « discours sur l’illégitimité du pouvoir, un pouvoir qui serait aux mains des tireurs de ficelles que peuvent être selon eux les francs-maçons ou la finance internationale », note le politologue Jean-Yves Camus. « Avec les +gilets jaunes+, il y a donc quelque chose qui peut donner un peu d’oxygène » à l’ultradroite, dit-il.
Mais pour l’historien des droites extrêmes Nicolas Lebourg, l’ultradroite française rebute par l’antisémitisme professé par certains. A l’instar d’Hervé Ryssen qui l’an dernier a été condamné à un an de prison pour des messages antisémites dans une vidéo diffusée sur YouTube.
« En France, l’antisémitisme est un produit culturel », explique Nicolas Lebourg, en citant le succès des spectacles de Dieudonné. « Çà n’est pas un produit politique: dès qu’un candidat (à une élection) a quelque chose qui évoque l’antisémitisme dans son CV, on sait qu’il est carbonisé ».
En outre, l’ultradroite fait face à sa propre fragmentation. « On a là une affiche unitaire avec Benedetti, Soral, Ryssen etc, alors on se dit: +Mon dieu, c’est l’unité!+, mais c’est l’unité d’infra-groupuscules ». Citant des rapports de police récents, il avance le chiffre de 3.000 militants d’ultradroite en France.
Preuve que l’ultradroite reçoit un accueil mitigé des « gilets jaunes »: cette vidéo tournée à la fin de l’acte 9 à Paris par la société de production Premières Lignes. Des hommes lancent « Dieudonné président ! », avant de se dire « judéophobes mais pas antisémites ».
Outré, un « gilet jaune » s’interpose et appelle à les « sortir du mouvement ». Quelques jours après cette scène, ce « gilet jaune », Benjamin Belaidi, assure à l’AFP qu' »on ne peut pas tolérer ces propos chez nous ». « C’est important d’occuper le terrain et de nettoyer nos rangs », affirme-t-il.
Conclusion : je crois moyennement à ces hurlements de bonne foi diffusés sur le clip youtube. J’y crois encore moins quand le mec bille en tête se définit comme pro-palestinien. Mais les commentaires sous le clip vous donneront l’étendue du désastre……….