Prévu le 14 février à Casablanca, un concert d’Enrico Macias provoque l’ire de la Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël au Maroc (MACBI). Celle-ci conteste la tenue du spectacle, souligne son caractère de normalisation et appelle le public à ne pas s’y rendre.
Le 14 février au Mégarama Casablanca, le chanteur de variétés françaises Enrico Macias est attendu pour un concert. La date est annoncée sur fond de controverse, puisque des collectifs d’associations d’anti-normalisation avec Israël pointent du doigt l’engagement affiché de l’artiste pour l’Etat sioniste.
«Sa présence sur scène au Mégarama est une honte et une insulte au public casablancais», renchérit le Moroccan academic and cultural boycott of Israël (MACBI), membre de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) Maroc, qui alerte sur la venue du chanteur dans un appel publié dimanche.
En effet, le document du MACBI souligne qu’Enrico Macias «est un défenseur inconditionnel de l’occupation de la Palestine et tout particulièrement de son armée». En témoigne son engagement auprès d’«une association (Migdal) qui soutient les soldats de l’unité chargée de la surveillance des frontières (Magav) connue pour ses crimes de guerre contre la population civile» palestinienne.
La même source souligne qu’«Enrico Macias aime à se présenter comme un artiste pour la paix ; il a même reçu plusieurs honneurs dont, en 1980, le titre de chanteur de la paix des mains d’un secrétaire général des Nations unies que les historiens ont identifié comme un présumé nazi (Kurt Waldheim)».
Enfin, le MACBI rappelle qu’en 2006, l’artiste né en Algérie a été décoré «par le ministère israélien de la Défense pour son soutien à l’État d’Israël et à son armée tout au long de sa carrière».
Un engagement politique au service d’Israël
Enrico Macias n’est pas un inconnu d’Israël, puisqu’il y tient de nombreux concerts dans le cadre de tournées, notamment en mai 2014, lorsqu’il a participé aux festivités du «66ème anniversaire de l’indépendance d’Israël». Invité au plateau d’i24News pour l’occasion, il réitère son salut :
«Quel est le pays où l’on pourrait exprimer ses racines comme ici? (…) Israël, c’est l’abscisse et les ordonnées de toute notre histoire; l’histoire du peuple juif qui a été obligé de vivre dans d’autres pays et on arrive ici, on a créé l’Etat d’Israël depuis 1948 et on vient pour échanger nos racines musicales.»
Mêlant ensuite discours politique et «message de paix» sans nommer à aucun moment la Palestine, l’artiste argue que «les arabes vivant en Israël doivent s’estimer heureux», qualifiant l’Etat sioniste de «démocratie». Il enchaîne revendiquant son «universalisme» : «Qui aurait cru qu’après toutes ces guerres, on aurait fait la paix avec l’Egypte et la Jordanie (…) ? Qui aurait cru qu’Yitzhak Rabin et Shimon Peres allaient rencontrer Arafat ? Bon, après ça a foiré, mais ce n’est pas grave.»
Celui qui a décidé de vivre en Israël depuis quelques années assure sur le plateau d’i24News avoir Israël «dans un coin de [son] cœur». «Je vis avec Israël. Quand je dors le soir, mon cœur bat pour Israël et quand je me réveille, mon cœur bat pour Israël», souligne Enrico Macias.
La promotion d’Israël par le biais de la culture et des arts
Si son concert prévu au Mégarama est pointé du doigt comme une normalisation culturelle entre Israël et le Maroc, il n’est pas le seul du genre à se tenir à Casablanca, comme l’illustration de l’art-washing apartheid dénoncé par BDS Maroc et par le MACBI.
Le mois dernier, Times of Israël a rapporté que l’Orchestre andalou d’Ashdod avait animé la soirée d’ouverture du Festival Andaloussiate, tenu 12 au 15 décembre 2018 dans la mégapole. «Près d’une centaine de musiciens, membres de la chorale andalouse et des solistes d’Israël et du Maroc ont joué ensemble, dirigés par le chef d’orchestre israélien Rafi Biton», ajoute la même source.
Question à 1000€ : quel est l’intérêt d’aller se produire dans un pays du Maghreb, pour se faire conspuer?