Le parquet de Paris a classé sans suite la plainte pour injures antisémites d’une étudiante de l’université Paris-XIII à Bobigny, lundi. Son avocat va saisir le Doyen des juges d’instruction.
Lundi, le parquet de Paris a classé sans suite la plainte pour injures antisémites d’une étudiante de confession juive en deuxième année de médecine à l’université Paris-XIII, à Bobigny. Elle avait dénoncé des faits commis entre le 12 et le 14 octobre, au cours d’un week-end d’intégration.
Ce classement ne met cependant pas un terme à la procédure. « Nous allons saisir dans les jours qui viennent le Doyen des juges d’instruction avec constitution de partie civile. Ce qui nous donnera accès au dossier, indique son avocat Me Antonin Péchard. Jusqu’à présent, nous ignorons ce qu’il contient. »
Le procureur a de son côté estimé que les faits n’ont pas été clairement établis et a décidé de ne pas transmettre le dossier à un juge d’instruction.
Plainte d’une quinzaine de pages
Me Péchard rappelle qu’il avait versé au dossier de « nombreuses captures de SMS, des messages WhatsApp ». « Lors des réunions de préparation du week-end d’intégration, la plaignante avait été accueillie par un salut hitlérien », est-il relevé dans la plainte d’une quinzaine de pages, également émaillée de captures d’écran truffées de jeux de mots antisémites.
On avait d’ailleurs conseillé à la jeune femme de ne pas se rendre au week-end d’intégration, car elle risquait « de se faire trasher ». Huit étudiants du bureau des élèves avaient baptisé ce week-end « BOBauschwitz 2019 » et établi un classement des juifs de la promotion avec un commentaire du style : « Juive niveau prestige, prête à tout pour sa communauté ».
Procédure administrative contre les huit étudiants
L’étudiante avait été l’une des seules à se révolter contre ses pratiques. En retour, elle était devenue la cible du petit groupe. Plus équivoque, certains étudiants ayant participé à ces débordements sont eux-mêmes de confession juive.
Une procédure administrative vise également les huit étudiants suspectés. La décision du procureur de Paris risque de peser sur l’appréciation finale du jury. Après un report pour complément d’information, mi-décembre, la section de disciplinaire de Paris XIII doit se réunir ces jours-ci.
« Cette affaire mérite un procès »
Sacha Ghozlan, président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui a épaulé la plaignante, fait part de son « incompréhension. « Il y a des éléments probants. Cette affaire mérite un procès. C’est important que ces auteurs soient sanctionnés afin qu’il y ait un acte de sensibilisation et de réparation. Après cette plainte, beaucoup d’étudiants juifs ont témoigné de faits similaires », révèle-t-il.
Il précise : « L’étudiante a été contrainte de quitter la fac de Bobigny. C’est une faillite de la communauté universitaire. »