Ce mardi 15 janvier à 20:50, Arte diffuse un excellent documentaire : « Les archives secrètes du ghetto de Varsovie ». Comment, piégés dans le ghetto, des résistants ont constitué et transmis un inestimable corpus de témoignages clandestins. Un film porté par leurs bouleversants récits.
En novembre 1940, au lendemain de la création du ghetto de Varsovie par l’occupant nazi, qui y regroupe de force quelque 450 000 hommes, femmes et enfants – dont de nombreux réfugiés chassés par les persécutions en cours dans d’autres régions de Pologne –, un jeune historien sioniste et socialiste, Emanuel Ringelblum, constitue autour de lui un groupe clandestin d’intellectuels, baptisé Oneg Shabbat, ou « Joie du shabbat ». Face à la violence et à la propagande antisémite nazies, ses membres se donnent pour mission de consigner ce qu’ils vivent et les événements qu’on leur rapporte. Impliqués dans des activités d’entraide, à l’instar de la journaliste Rachel Auerbach, qui s’occupe d’une soupe populaire, ils deviennent ainsi les « grands témoins » de l’horreur qui enserre peu à peu les Juifs de Pologne. Dès 1942, le récit d’un rescapé de Chelmno fait comprendre au groupe que le IIIe Reich a entrepris d’exterminer l’ensemble de leur peuple. Peu après, alors que les habitants du ghetto sont raflés par dizaines de milliers, les membres d’Oneg Shabbat enterrent leur trésor de milliers de feuillets, dessins et documents… En 1946, puis 1950, dans le champ de ruines qu’est devenu le ghetto, incendié et rasé après l’insurrection de ses derniers habitants au printemps 1943, seules deux des trois cachettes seront retrouvées, grâce aux trois uniques survivants du réseau, dont Rachel Auerbach.
Humanité
S’appuyant sur de sobres reconstitutions, tournées en langues yiddish, polonaise et allemande, et des images d’archives (majoritairement filmées par la propagande nazie) montrant la surpopulation, la famine et le désespoir croissants à l’intérieur du ghetto, le film s’inspire du livre de Samuel D. Kassow « Qui écrira notre histoire ? » (Grasset, 2011). Ce dernier intervient dans le film, avec d’autres historiens, mais ce sont d’abord les vibrants écrits des membres d’Oneg Shabbat, notamment les extraits des journaux d’Emanuel Ringelblum et de Rachel Auerbach, qui portent la narration. Leur courage, leur lucidité et leur humanité obstinée adoucissent le choc de la terrible réalité dont ils témoignent au jour le jour.
Réalisation : Roberta Grossman – Pays : Etats-Unis – Année : 2018
A voir ou revoir sur le replay d’Arte jusqu’au 14 février