Portrait de Robert Misrahi, pour qui le bonheur est un cheminement qui passe par l’accomplissement de quatre actes de la joie : fonder, aimer, rêver, agir.
Les Chemins de la philosophie du vendredi vous emmènent chaque semaine à la rencontre de ceux qui ont fait de la philosophie leur métier.
La philosophie est-elle une vocation ? Comment viennent les idées ? Comment se fabrique un concept ? À quoi ressemble l’atelier du philosophe ? Et quel rôle le philosophe doit-il jouer dans la cité ?
Aujourd’hui : Robert Misrahi, professeur émérite de philosophie éthique à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne.
Je serai philosophe
Depuis toujours, j’ai envie de parler de ce que je fais à mes camarades, même comme jeune enfant j’étais passionné par l’idée de faire leur devoirs, ils me demandaient une aide que je donnais toujours avec plaisir, alors tout au long de ma vie je me suis dis : premièrement je serai instituteur et puis je passe mes classes prépa, deuxièmement je serai professeur de lettres. Et puis un beau jour je tombe en classe de philosophie… évidemment je serai philosophe !
Deus sive natura
Je rencontre en Spinoza d’abord un philosophe laïc et athée, tout le monde me dit qu’il croit en dieu sous le prétexte vain suivant, c’est que le premier livre de l’Éthique s’appelle De Dieu, et tous oublient que Spinoza dit quelque part « ne donnez aux mots que le sens que je leur donne ». Et puis à la partie IV je trouve « Deus sive natura », c’est Spinoza lui-même qui dit que le dieu dont il parle, c’est la nature.
Comment conduire sa vie ?
La philosophie est l’effort pour répondre à la question de savoir comment cet être humain doué de conscience et éventuellement de réflexion, comment doit-il, comment peut-il conduire sa vie ?
Un bon professeur de philosophie
Un bon professeur de philo, c’est quelqu’un qui transmet le goût de la réflexion quant à l’existence individuelle, quelqu’un qui transmet le goût de la réflexion… Si ce quelqu’un pouvait être en plus quelqu’un qui permet de changer sa vie, on est dans la philosophie.
La joie
A un certain moment, le bonheur est composé de joie, imaginons un raisonnement par l’absurde, imaginons que dans bonheur il n’y ait pas de joie alors il ne peut pas y avoir bonheur, c’est pas vrai. Dans le bonheur, il y a la joie mais la joie extrême, pas n’importe quelle joie, pas la joie passive d’avoir gagné à la loterie. Il faut que la joie en question soit digne d’entrer dans la composition du bonheur, c’est-à-dire une conscience active et surtout créatrice. La joie à laquelle je pense, je vais prendre l’exemple le plus simple possible : un ébéniste d’art, à la fin des séances où il a travaillé son oeuvre, éprouve une joie mais cette joie est profonde, elle ne consiste pas à sauter en l’air, elle est profonde au sens de sérieux, elle est presque grave.
Robert Misrahi
Sons diffusés :
- Jean-Paul Sartre
- Mozart, Concerto pour piano et orchestre n°21 K. 467
- Jambalaya par l’orchestre Chris Barber