Le scandale vient en partie du fait que deux des leaders du mouvement auraient affirmé à une militante juive que les Juifs avaient une responsabilité particulière dans l’exploitation et l’esclavage des personnes de couleur aux États-Unis.
Les organisatrices de la « Marche des femmes », à l’origine de manifestations monstres contre Donald Trump en janvier 2017, sont-elles antisémites? Le New York Times a exposé lundi une polémique qui divise le mouvement, à l’approche d’un nouvel appel à manifester le 19 janvier.
Le site d’informations juives Tablet a révélé le 10 décembre comment des tensions étaient survenues dès novembre 2016, lors de la première réunion d’organisation de la « Marche des femmes », à New York juste après l’élection choc de Donald Trump.
Scission au sein du mouvement
Selon Tablet, deux des sept femmes présentes, Tamika Mallory et Carmen Perez, militantes respectivement noire et hispanique, ont alors affirmé à Vanessa Wurble, d’origine juive, que les Juifs avaient une responsabilité particulière dans l’exploitation et l’esclavage des personnes de couleur aux États-Unis. Une thèse soutenue par Louis Farrakhan, leader du mouvement « Nation of Islam », aux propos régulièrement antisémites.
Le succès de la « Marche des femmes » et de ses emblématiques « bonnets roses » a un temps recouvert les tensions. Mais au fil des mois, un certain nombre de femmes ont quitté la « Women’s March » et créé une organisation parallèle, « March On ».
Et lors des manifestations organisées un an plus tard, le 20 janvier 2018, qui avaient encore rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes à New York et Los Angeles, les deux organisations se côtoyaient dans les défilés, sans que les divisions eurent été explicitées.
Des défilés séparés le 19 janvier
Le mois dernier, Vanessa Wurble, devenue directrice exécutive de « March On », publiait un communiqué sur le site de l’organisation, évoquant les « interrogations sur l’antisémitisme du mouvement ‘Women’s March' ». Elle présentait « March On » comme plus « décentralisée », organisée « par la base », et surtout rejetant toute forme de racisme, de discrimination et « tout soutien à l’antisémitisme« . Une allusion claire aux tensions avec la « Women’s March », sur fond de multiplication des délits antisémites aux Etats-Unis et après l’assassinat de 11 personnes dans une synagogue de Pittsburgh fin octobre.
A l’approche du deuxième anniversaire de la « Marche des femmes », les deux mouvements prévoient à nouveau, séparément, des défilés dans de nombreuses villes américaines le 19 janvier. « March On » a déjà indiqué qu’elle ne s’associerait pas au défilé de Washington.
Citées dimanche par le New York Times, Tamika Mallory et Carmen Perez ont rejeté toute accusation d’antisémitisme, et affirmé que le départ de Vanessa Wurble n’était pas lié à ses origines juives.