Voila, voila un exemple de plus de bêtise gravissime du boycott qui fout un tas d’entreprises dans des problèmes difficiles à résoudre et impliquant des coût financiers que certains ne peuvent pas assumer : que du bon pour l’économie, et bravo les décideurs…….
Beaucoup d’entrepreneurs libanais hébergés par la plate-forme WIX basée en Israël regrettent de ne pas avoir eu le temps d’organiser la migration de leurs sites web. La justice libanaise a ordonné cette semaine le blocage de la plate-forme de création et d’hébergement de sites Internet Wix (Wix.com), dont le siège social est basé à Tel-Aviv et qui possède également des bureaux au Brésil, aux États-Unis, ainsi que dans certains pays d’Europe.
Depuis mercredi, les clients d’Ogero, l’organisme chargé de gérer le réseau télécoms dans le pays – qui est également fournisseur d’accès internet – ne peuvent plus en effet accéder à la plate-forme ou à tout site, web ou mobile, qu’elle héberge, en application d’une décision du parquet justifiée sur le fond par l’état de guerre entre le Liban et Israël.
Selon plusieurs sources concordantes contactées par L’Orient-Le Jour, la décision a été progressivement appliquée à tous les fournisseurs d’accès internet légaux, fixe ou mobile, opérant au Liban. La plupart s’étaient exécutés hier en fin de journée. Aucune des sources interrogées n’a en revanche pu se prononcer sur les raisons qui ont poussé l’État à bloquer ce site cette semaine alors qu’il est de notoriété publique que Wix, fondée en 2006 et cotée au Nasdaq, est basée en Israël.
Simplicité de l’interface
Le blocage de Wix a logiquement fait tiquer beaucoup d’usagers de la plate-forme, dont les services sont adaptés aux novices en matière de programmation. « Je ne peux plus accéder à mon site ni à mes données depuis le Liban. Les internautes résidant sur le territoire ne peuvent plus y accéder non plus, à moins peut-être de passer par un réseau privé virtuel (Virtual Private Network, VPN) », déplore le designer Carlo Massoud, qui a choisi la solution proposée par cet hébergeur. Selon lui, la plate-forme était très prisée notamment dans les milieux créatifs, en raison de la simplicité de son interface. Selon le site spécialisé Techgeek365.com qui a relayé l’information concernant le blocage mercredi, Wix est également appréciée pour ses fonctionnalités permettant aux utilisateurs de créer des applications qu’ils peuvent ensuite commercialiser.
Selon le service de statistiques pour webmaster Datanyze cité par Techgeek365.com, plus de 9 000 sites ont été créés via Wix le mois précédent, pour plus de 3 000 qui ont été supprimés sur la même période. Datanyze ne communique pas le nombre total d’usagers libanais qui ont utilisé Wix, un chiffre que les différentes sources contactées par L’Orient-Le Jour n’ont pas non plus été en mesure de fournir. « Il y a beaucoup de petits sites web au Liban, construits via des plates-formes qui proposent le même type d’interface, ce qui rend encore plus difficile tout pronostic chiffré sur le nombre d’entreprises touchées », note l’une d’entre elles.
Solution de repli
Si certains usagers auront peut-être la possibilité d’interagir avec leur site depuis l’étranger ou via un VPN, le blocage soudain de Wix va sans doute laisser une bonne proportion d’entrepreneurs libanais dans l’embarras. « On est dans un cas de figure qui s’apparente à un scénario de reprise d’activité (PRA), avec un déclencheur qui n’est ni une cyberattaque ni un sinistre, mais une décision gouvernementale », considère l’expert franco-libanais en cybersécurité Hadi el-Khoury, faisant référence à une procédure permettant d’anticiper les démarches pour remettre un système informatique en route en cas d’incident.
Pour lui, les sociétés affectées par le blocage de Wix.com auraient dû prévoir une solution de repli pour faire migrer leur site vers un autre hébergeur du même type, « comme il en existe beaucoup dans le monde ». Il reconnaît que cette précaution est plus difficile à prendre pour les PME ou les entreprises unipersonnelles qui font justement appel aux plates-formes comme Wix pour éviter de devoir se préoccuper de ces questions. « Le minimum vital, pour ceux-là, c’est d’effectuer des sauvegardes régulières (sur un support distinct) de tous les fichiers (liés au site) », recommande-t-il, avant de prévenir que « ceux qui n’y ont pas pensé devront malheureusement repartir de zéro ».
Hady el-Khoury précise enfin que la difficulté, le temps et le coût de la migration seront beaucoup plus importants pour les « sites transactionnels, qui servent de points de vente en ligne et peuvent être équipés d’une interface de paiement, que pour les sites vitrines, qui permettent uniquement d’assurer une visibilité numérique à leur propriétaire. » Un site vitrine pourra, dans le meilleur des cas, être remis en ligne en deux semaines pour un coût quasiment limité à l’abonnement réclamé par la nouvelle plate-forme de création et / ou d’hébergement «, expose-t-il. Il mise en revanche sur un minimum d’un mois et des coûts qui peuvent rapidement s’envoler pour un site de commerce en ligne.
Enfin, Hadi el-Khoury considère, comme plusieurs usagers contactés, que le parquet aurait dû accorder un certain délai aux entreprises touchées par le blocage pour leur permettre de s’organiser. « Un préavis d’une durée d’un mois à six semaines aurait permis à beaucoup de monde de prendre les mesures nécessaires pour ne pas être pénalisés », juge l’expert en cybersécurité.