Cette bande dessinée est unique. Elle nous offre la possibilité de découvrir le patrimoine du Judaïsme tunisien et plus particulièrement celui de Djerba à travers un fait marquant de l’histoire récente de la seconde guerre mondiale.
A Paris, j’ai pour coutume de me rendre à la petite librairie du Temple qui se trouve à la Rue des Rosiers. Au fil des ans, j’ai appris à apprécier cette rue, ses commerces et aussi son atmosphère qui mêle traditions yiddish et séfarade.
Au cœur de la rue des Rosiers, cette petite librairie m’a toujours permis de rester à jour en matière de judaïsme. C’est là que je découvre les parutions récentes et les œuvres de fond.
Parfois, on y découvre de manière inattendue des ouvrages dont on ignorait absolument l’existence, comme c’est le cas de cette bande dessinée qui revient sur un fait historique que tous les Djerbiens, juifs et musulmans, connaissent bien. Cette BD raconte en effet un épisode de la deuxième Guerre mondiale qui s’est passé en février 1943 à Djerba.
Surgissant dans l’île, l’armée nazie avait trouvé un prétexte pour sanctionner la population juive et avait alors donné au grand rabbin de Djerba quatre heures pour collecter cinquante kilos d’or. Cet or devait être remis aux soldats sous la menace de fusiller tous les rabbins de l’île puis bombarder les deux villages juifs de Djerba.
N’ayant pas d’autre issue, la communauté se mit à réunir l’or exigé et parvint quasiment à le faire en totalité. Heureusement, l’avance des troupes alliées allait bouleverser les plans nazis et sauver la situation. L’album revient donc sur cet épisode de la persécution des juifs tunisiens sous l’occupation nazie et raconte par digressions la vie de la communauté aux racines séculaires.
Dessiné par Jackie Yarhi sur un scénario de Eliahu Gut, cet album vaut aussi par l’impressionnant travail documentaire réalisé par Binyamin Fennech, président de l’Institut Sarei Zevulun du patrimoine juif tunisien.
A la fois document historique et thriller à rebondissements, cette BD raconte une histoire tout en décrivant le vécu d’une communauté. En une soixantaine de pages, les auteurs parviennent à replonger le lecteur dans l’ambiance de la Campagne de Tunis qui, entre novembre 1942 et mai 1943, avait permis aux Alliés de reprendre la Tunisie aux soldats nazis.
A cette même époque, la population juive de Tunis avait également été victime de brimades et de persécutions qui avaient pris la forme de rafles, acheminement vers des camps de travail et déportations vers les camps de concentration de sinistre mémoire.