Léo Bergoffen, l’un des derniers témoins de la Shoah, vient de mourir à 98 ans

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Il n’avait de cesse de témoigner sur son parcours, le devoir de mémoire chevillé au corps. Léo Bergoffen, était l’une des figures marquantes d’Avrillé, il s’est éteint dimanche 5 juillet, au terme d’une vie hors du commun.

Léo Bergoffen, matricule B 10 909, s’est éteint dimanche 5 juillet. Rescapé d’Auschwitz et des marches de la mort, il était le dernier survivant de la Shoah en Maine-et-loire.

Des élèves du lycée Bergson d’Angers ont rédigé la biographie de Léo Bergoffen suite aux rencontres organisées par leur professeur d’histoire, Loïc Cochennec. Leur texte est paru sur le site Musée de la résistance en ligne.

« Léo Bergoffen, issue d’une famille juive austro-hongroise, d’un père Tchèque et d’une mère Polonaise, est né le 30 octobre 1922 à Berlin. En 1933, alors âgé de 11 ans, il fut obligé de défiler comme tous les écoliers berlinois devant le nouveau chancelier Hitler, puis il fut chassé de l’école en raison de ses origines juives.

La famille a vécu à Berlin jusqu’en 1937. Fuyant l’antisémitisme, la famille s’est réfugiée à Prague, puis à Angers, en mars 1939. Mais la France est envahie par les Allemands en 1940 et le gouvernement de Vichy mis en place. En juin 1942, Léo Bergoffen part seul pour la zone libre, où il se fait arrêter, le 26 août 1942 et livré aux Allemands en tant que juif étranger.


Amené au camp de Nexon, il est ensuite transporté à Drancy. Le 2 septembre, il part, avec 1 015 autres personnes, dans le convoi n° 27 à destination du camp d’Auschwitz (dont seulement 30 personnes reviendront). Une fois là-bas, Léo Bergoffen est sélectionné pour le travail et porte le matricule B 10 909. Suite à l’avance des troupes soviétiques à l’Est, Léo Bergoffen est évacué vers l’Ouest et subit les « marches de la mort« . Il sera finalement libéré par les Soviétiques le 11 mai 1945.

Lorsqu’il revient à Angers, il apprend l’arrestation de ses parents, le 20 juillet 1942, envoyés en déportation par le convoi n° 8 parti d’Angers.
Léo Bergoffen est alors aidé par son ancien patron avec lequel il se rend à Mouliherne (Maine-et-Loire). Là-bas, lors d’une conférence du Dr Lazar-Moscovici, lui aussi déporté à Auschwitz par le convoi n° 8, il rencontre Odette Blanchet, qu’il épousera le 26 février 1946.
Odette Blanchet est résistante, Chevalier de la Légion d’honneur et « Juste parmi les Nations » pour avoir sauvé trois membres de la famille Moscovici ».

D’après un travail réalisé par les élèves de 1re ES Maeva Augereau, Marion Emeriau, Bérangère Messager et Elena Refou avec leur professeur du Lycée Bergson d’Angers.

La vie après la Shoah

Installé à Avrillé en 1972 avec son épouse Odette, Léo Bergoffen témoignait sans relâche auprès des plus jeunes, racontant sa vie, la déportation, les conditions inhumaines faites aux juifs pendant la guerre.
« Nous nous sommes attachés à organiser des rencontres au collège Clément Janequin, relate Eloi Pichard, directeur du service population à la mairie d’Avrillé, en charge du devoir de mémoire. Mr Bergoffen et son épouse étaient des personnalités extrêmement marquantes« .

En 2013, la commune d’Avrillé avait organisé une semaine axée sur la mémoire de la déportation. Léo et Odette étaient venus évoquer leurs parcours. Lui, l’ancien déporté, enfant juif né à Berlin en 1922, qui fut contraint de défiler devant Hitler, forcé de cotoyer Mengele, le « médecin » d’Auchwitz. Elle qui fut résistante à 17 ans.

« Je me souviens d’un homme adorable, d’une grande finesse et  qui avait beaucoup d’humour. Une grande figure d’Avrillé s’en est allée et je resterai à jamais marqué par cette rencontre » souligne encore Eloi Pichard.

Un dernier hommage sera rendu à Léo Bergoffen, jeudi 9 juillet à 15h30 au cimetière du bourg d’Avrillé

Source france3-regions