Les sublimes nouvelles «chan-songes» de Yael Naim

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La sortie ce vendredi de son quatrième album, «Nightsongs», est maintenue. Une bonne nouvelle tant l’album nous apporte une douceur et une lumière précieuses en ces temps moroses.


Son disque tombe à pic. Yael Naim a eu raison de ne pas reporter la sortie de « Nightsongs », prévue ce vendredi. Sa sublime voix et son quatrième album sous son nom, d’une beauté rare, d’une lumière et d’une douceur bienvenues, sont des médicaments pour soigner les angoisses, un cadeau pour soulager notre confinement. Douze chansons nocturnes, douze « chan-songes » qui s’enchaînent comme une parenthèse enchantée, du magnifique « Daddy » et sa guitare si cristalline que l’on croirait une harpe, au poignant « A Bit Of », qu’elle chante à notre oreille, entourée de chœurs célestes.

« Close your eyes/Listen to your heart beat now », « Ferme tes yeux/Ecoute ton cœur battre ». Ce sont les premières paroles de « Daddy », dédié à son père, et de l’album. « C’est fou ce qu’elles font écho dans cette période, reconnaît la chanteuse franco-israélienne, jointe le 17 mars chez elle en région parisienne. Tout l’album fait écho, car je l’ai moi-même créé dans une sorte de confinement. La plupart des chansons sont nées la nuit. Toute ma démarche a été de ralentir et de se retrouver seul, de sortir de l’autoroute et se demander après qui on court ? Décidément, il a un drôle de destin, ce disque. »

A la fin de la tournée du précédent, « Older », créé comme toujours avec son partenaire de musique et de vie David Donatien, Yael Naim a ressenti le besoin de s’enfermer et « faire un projet seule, sans planning ». « Il a quand même pris trois ans, note-t-elle. J’ai beaucoup galéré au départ, car ce qui sortait de moi ne plaisait pas à mon équipe. J’ai failli passer à autre chose. Mais plusieurs événements ont créé un sacré bazar, la naissance de ma fille, la perte de mon père, le passage de la quarantaine… Et j’ai eu besoin de faire sortir tout ça. »

« Cet album m’a tout fait, du mal, du bien »

Le soir, elle montait dans sa pièce studio, prenait sa guitare, se mettait au piano, chantait sa douleur, son bonheur, ses peines, ses espoirs. « Les chansons sont devenues un journal intime, confie la musicienne. Paroles et musiques naissaient ensemble. Cela m’a même permis d’écrire pour la première fois en français sur deux chansons (NDLR : « Des Trous » et « Miettes »). Lorsque Vincent Delerm m’a demandé de produire une chanson de son dernier album, je lui ai fait écouter les deux miennes pour avoir son avis. Et cela m’a donné confiance. »

Les chœurs de l’ensemble Zene (« musique » en hongrois), rencontrés en 2018 lors d’une création à la Philharmonie de Paris, et les cuivres sont arrivés à la fin du processus. Ils renforcent encore l’émotion sans dénaturer l’intention, cette intimité qu’elle arrive à créer avec l’auditeur. « Jusqu’au bout, j’ai voulu tout faire à ma manière, jusqu’aux cablages dont d’ordinaire s’occupe David et à la vidéo de Shine, que j’ai réalisé moi-même, encore une première, sourit Yael Naim. Cet album m’a tout fait, du mal, du bien. Dans un monde qui nous apprend surtout à avoir peur et à ne pas changer, j’ai accepté de marcher sans béquille, de faire des erreurs. Et au final, cela m’a permis de mieux me connaître. C’est un disque de renaissance. »

Le reste du disque est ICI

Avec leparisien