Coronavirus : par crainte du confinement, ils fuient Paris

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La place de la République à Paris, désertée dimanche 15 mars au lendemain de l’annonce de la fermeture de tous les lieux publics non essentiels. LP/Yann Foreix
Libérés par la mise en place généralisée du télétravail, des Parisiens se dépêchent de quitter l’Ile-de-France avant l’éventuelle interdiction de tous les déplacements.

Sauve qui peut. Alertés par des rumeurs sur la possible mise en place d’un confinement total en Île-de-France, des Parisiens se dépêchent depuis dimanche d’organiser leur fuite de la capitale. Un voyage sans billet retour, décidé à la va-vite dans la crainte de se retrouver bloqué chez soi. Contactée, la SNCF confirme avoir enregistré une augmentation notable de ses réservations et l’attribue aux déplacements des Franciliens.

Fanny, 29 ans, a atterri à Nice (Alpes-Maritimes) ce lundi matin. La veille au soir, elle s’est décidée à partir aux aurores de Paris lors d’une discussion avec deux de ses meilleurs amis, eux aussi originaires de la Côte d’Azur.

« On a commencé à regarder les billets d’avion et on s’est aperçu que les prix augmentaient. D’autres vols affichaient complet », rapporte-t-elle. Alors, le trio prend sa décision. Et trois places dans le premier appareil disponible.

Un aller-retour entre la Normandie et Paris

« Je n’avais pas envie de me retrouver toute seule dans les 30 m2 de mon appartement parisien, justifie cette consultante dans le domaine de la santé. Ici, ma mère et ma sœur vivent chacune dans une maison, face-à-face. Il y a le jardin, la vue sur la mer, il fait beau… C’est quand même plus agréable. »

Quentin, lui, s’est mis d’accord avec Hélène, sa compagne, dès dimanche matin. En Normandie pour le week-end, le couple a décidé d’effectuer un aller-retour dans son appartement d’Asnières-sur-Seine pour aller chercher des affaires supplémentaires et surtout son chat, resté dans les Hauts-de-Seine.

Cinq heures de route plus tard, ce webdesigner de 32 ans a pu regagner la maison de famille de son amie. Ses beaux-parents devraient d’ailleurs bientôt les y rejoindre. « C’est vrai qu’on devra sûrement renoncer en partie à notre petit rythme de vie, concède-t-il. Mais la maison est grande, on peut s’isoler facilement en cas de besoin. »

Les images des Italiens sur leur balcon… 

Devoir organiser un télétravail à deux aurait de toute manière été problématique au sein du deux-pièces qu’occupe le couple en banlieue parisienne. « Et puis, les images des Italiens sur leur balcon, c’est mignon. Mais on ne se voyait pas trop à leur place… », souffle Quentin.

Pour Nicolas*, c’est aussi la généralisation du travail à distance au sein de son entreprise qui a tout fait basculer. Samedi, ce jeune trentenaire était parti déposer sa femme et ses jeunes enfants chez ses parents en Vendée avec l’idée de les rejoindre une semaine plus tard.

« Nos enfants ont un et trois ans. À cet âge, impossible de bosser en les gardant, et impossible de les filer à leurs grands-parents pendant 15 jours tout seul », rembobine-t-il. Risque de contamination oblige, la famille s’astreint tout de même à respecter les distances sanitaires recommandées.

J’ai décidé de reprendre immédiatement un trajet dans l’autre sens 

Dimanche soir, Nicolas retourne donc à Paris en train, pensant retourner au travail le lendemain. C’est alors qu’il reçoit un SMS : toute son entreprise passe en télétravail. Au même moment, plusieurs médias confirment que le confinement total fait partie des scénarios à l’étude par le gouvernement.

« J’ai décidé, alors que je venais d’arriver à la gare Montparnasse à 20 heures… de reprendre immédiatement un trajet dans l’autre sens », relate-t-il. Le jeune homme enchaîne un « Nantes-Paris » et un « Paris-Nantes » dans la même soirée.

« Résultat, je suis en famille dans mon village vendéen, mais j’ai juste un caleçon et une brosse à dents : je n’étais parti que pour 24 heures ! », s’esclaffe-t-il. Mais à cause des mesures sanitaires, les magasins de vêtements des environs sont tous fermés. Nicolas pense s’acheter deux ou trois pantalons d’appoint au supermarché du coin. Tant pis pour le style. En cas de confinement, il n’y aura, de toute manière, pas matière à parader dans les rues.

Source leparisien