Chez Super U, un «moment calme» pour les clients autistes

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La chaîne de grande distribution a instauré dans ses magasins deux heures hebdomadaires sans musique ni annonces avec lumière tamisée pour faciliter la corvée de courses aux personnes atteintes de troubles du spectre autistique.

Un supermarché sans néons agressifs ni musique, où même les bips d’encaissement ne seraient que doux murmure. Depuis un mois, les 1 600 magasins de l’enseigne Super U mettent en place deux heures hebdomadaires de silence, avec lumière tamisée. Une initiative destinée à faciliter la vie des personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA). Simplement agaçant ou fatiguant pour beaucoup de clients, le brouhaha des magasins de la grande distribution est générateur de stress et d’anxiété pour les autistes, particulièrement sensibles à la lumière et aux bruits. Du coup, une partie des 600 000 adultes touchés (rapport 2018 de la Cour des comptes) renoncent à pousser leur chariot dans les supermarchés et hypermarchés. Quant aux proches – 100 000 enfants sont atteints de ces troubles –, ils se retrouvent à faire leurs courses seuls ou à toute vitesse, pour éviter une crise en plein magasin et les regards des autres chalands.

L’idée des « heures calmes » a été portée localement par des parents d’enfants autistes. « Au printemps 2019, j’ai pris contact avec le Super U de Thourotte [Oise] où j’avais ­l’habitude de faire mes courses et qui avait participé à une chasse aux œufs de Pâques que j’avais organisée pour les ­enfants, se souvient David Teixeira, père d’un garçon autiste et fondateur de l’association Eclosion bleue pour aider les familles touchées par ces troubles. Son ­directeur, David Blaise, a tout de suite été partant. » A Vierzon (Cher), c’est Christelle Berger, mère d’une ­petite fille autiste et présidente, elle aussi, d’une association de parents – Espoir pour mon futur –, qui a convaincu sans difficulté les responsables du magasin où elle a ses habitudes. Depuis mai 2019, tous les mardis en ­début d’après-midi, la musique est éteinte, les annonces supprimées et un seul néon sur trois fonctionne dans le point de vente. Les employés communiquent par leurs téléphones portables professionnels. Des plans sont distribués aux clients pour éviter les allers-retours bruyants avec les chariots et permettre aux personnes atteintes de troubles autistiques de mieux se repérer et d’optimiser le temps de leurs achats.

Ni aménagement ni frais supplémentaires

Le succès de ces expérimentations a poussé l’enseigne à généraliser, depuis décembre 2019, le dispositif à tous ses magasins, d’autant plus aisément qu’il n’engendre pas d’aménagement ni de frais supplémentaires. Seules des actions de sensibilisation au handicap sont dispensées aux employés des magasins. Et tout le monde semble y trouver son compte. « La clientèle habituelle, notamment les personnes âgées, mais aussi nos employés, apprécient cette parenthèse de calme », souligne Thierry Desouches, porte-parole national de Système U, la coopérative de distribution alimentaire qui regroupe les points de vente du réseau.

S’il s’agit d’une première en France, ce modèle d’inclusion s’inspire de ce qui existe déjà dans certaines chaînes de supermarchés en Grande-Bretagne, en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Sensibilisée par l’exemple de Vierzon, la députée ­MoDem Nadia Essayan (2circonscription du Cher) a déposé en septembre 2019, un projet de loi instaurant l’obligation « au minimum une heure par semaine », d’un moment calme dans tous les supermarchés et hypermarchés français. La parlementaire espère voir son texte examiné et adopté courant 2020.

Source lemonde

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