Des lycéens mettent au point des audioguides pour enseigner l’histoire de la Shoah

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Un courrier retrouvé aux Archives départementales de l’Orne atteste que Jacques Steinhart a exercé la médecine dès 1906 à Nonant-le-Pin. Grâce à des solidarités locales, il a échappé à la déportation. | OUEST-FRANCE
Depuis janvier 2019, des élèves de quatre classes en France, dont une à Alençon (Orne), planchent sur la création audioguides retraçant les destins de familles juives ayant vécu dans leur région pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans une salle des archives départementales à Alençon, ils sont studieux. Penchés sur des cartes ou feuilletant des documents anciens. Dix-sept élèves de terminale bac pro métiers de la sécurité du lycée Saint-François-de-Sales, transformés en enquêteurs. Depuis janvier 2019, avec leur professeure de lettres et d’histoire-géographie, Marie-Édith André, ils travaillent sur l’histoire de la Shoah à travers celle de quatre familles ornaises juives.

Le projet s’intitule « Par les vivants ». Porté par le ministère de l’Éducation nationale, il s’achèvera le 27 janvier 2020 à l’occasion du 75e anniversaire de la libération des camps nazis. Quatre classes des académies de Lille, Créteil, Versailles et Caen prennent part à cette initiative. Les collégiens et lycéens conçoivent des audioguides : des parcours sonores géolocalisés permettant d’évoquer le destin, durant la Seconde Guerre mondiale, de personnes qui ont vécu près de chez eux.

Découvrir les juifs autrement que par les discours et les images antisémites

Dans un registre qui recensait les juifs de l’Orne en octobre 1940, Marie-Édith André a choisi quatre familles dont les élèves pouvaient se sentir proches. « Les Milhaud, par exemple, ont vécu à Domfront. Ils avaient deux fils. Jean a été arrêté le jour où il allait passer son bac, raconte-t-elle. Il est mort à Auschwitz. Georges, son frère, qui a été caché dans notre lycée, a survécu. » La professeure est allée l’interviewer à Paris.

L’idée qui sous-tend cette démarche, c’est de permettre aux jeunes de découvrir les juifs autrement que par les discours, les images antisémites et les lieux d’exécution. Avec ce projet, l’Éducation nationale se prépare aussi à enseigner la Shoah sans les témoignages des rescapés. « Nous créons un outil pédagogique numérique qui pourra être transposé dans d’autres lieux », ajoute l’enseignante ornaise. Et qui sera accessible sur la plateforme spécialisée izi.travel.

Une visite du camp de concentration d’Auschwitz en janvier

Recherches historiques et généalogiques, rencontres, écriture des scénarios, enregistrement des audioguides : les tâches sont passionnantes, les élèves passionnés. Solène a ainsi retrouvé le journal d’Ida Kahn, mis en ligne sur internet par son petit-fils. Au sein de la famille alençonnaise Kahn-Bonnem qu’elle étudie, neuf membres sont morts à Auschwitz. Un camp de concentration que les lycéens visiteront mi-janvier.

Source ouest-france