Les Italiens dans la rue pour une survivante d’Auschwitz victime d’attaques antisémites

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Liliana Segre, une sénatrice de 89 ans survivante des camp de la mort nazis, est la cible d’attaques antisémites sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. Des milliers d’Italiens ont marché dans les rues de Milan mardi soir pour lui témoigner de leur soutien, alors qu’elle a dû être placée sous protection policière le mois dernier.

Des milliers d’Italiens, dont une centaine de maires, sont descendus dans les rues de Milan mardi soir afin de soutenir une dame âgée de 89 ans, rapporte la presse italienne. Liliana Segre, sénatrice à vie et survivante du camp d’extermination nazi Auschwitz, a récemment été placée sous protection policière, ayant été victime de centaines d’attaques antisémites sur les réseaux sociaux.

« La haine n’a pas d’avenir. Milan et l’Italie se tiennent aux côtés de Liliana Segre », a tweeté la municipalité de Milan.

Pas moins de 600 maires italiens avaient fait le déplacement pour lui témoigner leur soutien, et l’escorter à travers les milliers de badauds réunis dans les rues de Milan, rapporte l’agence de presse ANSA.

Des centaines de messages de haine par jour

Liliana Segre était âgée de 13 ans quand elle a été arrêtée à la frontière entre l’Italie et la Suisse, puis déportée par les nazis au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, dont elle sera l’une des rares survivantes.

Toute sa vie, Liliana Segre s’est battue contre la haine, le racisme et l’antisémitisme. Nommée sénatrice à vie par le président italien Sergio Mattarella en 2018, elle propose de créer une commission afin de lutter contre le racisme, l’antisémitisme et les violences à caractère ethniques et religieuses. Mais elle s’attire ainsi les foudres de 98 députés de droite (parmi lesquels le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue de Matteo Salvini et les Frères d’Italie) qui s’abstiennent lors du vote.

Ces dernières semaines, elle était devenue la cible de centaines de messages de haine sur les réseaux sociaux. Elle a fait savoir qu’elle pouvait en recevoir jusqu’à 200 par jour. En novembre dernier, Liliana Segre avait même du être placée sous protection policière par la préfecture de Milan.

« Laissons la haine aux anonymes derrière leurs écrans »

« J’ai connu la haine. Je sais ce que cela signifie d’être rejetée de la société à laquelle je croyais appartenir », a déclaré mardi soir Liliana Segre en direction de la foule, qui l’a chaleureusement applaudie et a scandé son prénom à travers le cortège, d’après La Repubblica.

Dans le cortège, les manifestants ont également entonné l’hymne antifasciste « Bella Ciao ». « J’ai entendu des paroles de haine, les insultes, et j’ai vu se réaliser sous mes propres yeux un programme féroce élaboré à partir de la haine », a encore déclaré Liliana Segre.

Ce mardi soir, elle a déclaré qu’elle mettait ses espoirs dans les jeunes écoliers, qu’elle a qualifié de « futures bougies de la mémoire ». « Laissons la haine aux anonymes derrière leurs écrans », a-t-elle ajouté à l’encontre de ses détracteurs.

Cette manifestation transpartisane avait été organisée par l’association des maires italiens (ANCI). Des maires de tous les bords politiques étaient donc présents dans le cortège, selon la presse italienne dont le journal La Repubblica.