Trois articles sur les élections : Benny Gantz, échec de Bibi, écroulement de la gauche

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Les élections sont passées et le résultat est plus que serré entre le Kahol Lavan de Benny Gantz et le Likoud de Bibi, et une seule chose crève les yeux, l’echec cuisant de la gauche. Trois articles pour analyser cette situation.

10 choses à savoir sur Benny Gantz, engagé dans un duel avec  Bibi

Les sondages de sortie des urnes, mardi 17 septembre, au soir des élections législatives israéliennes, donnaient le parti de Benny Gantz, Kahol Lavan au coude-à-coude avec le Likoud de Benyamin Netanyahou. La formation du Premier ministre obtiendrait entre 30 et 32 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement israélien, contre environ 32 pour le parti de Benny Gantz. En reportant les sièges de leurs alliés stratégiques ou potentiels, les deux partis obtiendraient environ 55 ou 56 sièges, et resteraient donc incapables d’atteindre le nombre magique de 61 sièges, seuil de la majorité à la Knesset. Israel Beiteinou, le parti « non-aligné » pour l’instant d’Avigdor Lieberman, crédité de 8 ou 9 sièges, pourrait faire pencher la balance de ce second scrutin en cinq mois. Mercredi matin, Benny Gantz a appelé à la formation d’un gouvernement d’union. « Nous agirons pour former un large gouvernement d’union qui exprimera la volonté du peuple. […] Nous avons entamé les négociations et je parlerai avec tout le monde », a déclaré l’ex-chef d’état-major devant ses partisans réunis à Tel-Aviv, la métropole économique du pays. Expérience militaire, programme, famille… Voici dix choses à savoir sur Benny Gantz (une première version de cet article a été publiée le 7 mars 2019) :

1. Soldat

Benny Gantz a passé trente-huit années sous les drapeaux. Engagé en 1977 chez les parachutistes, il gravit les échelons de Tsahal au pas de course. En 1991, il commande l’unité d’élite chargée de sécuriser à Addis-Abeba le pont aérien par lequel 14 000 juifs éthiopiens sont évacués vers Israël. Il devient attaché militaire à l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis en 2007 avant d’accéder en 2011 au poste de chef d’état-major. Il mène alors deux offensives contre Gaza en 2012 et 2014.

Kahol Lavan, le nouveau parti fondé par Benny Gantz, 60 ans, et le journaliste Yair Lapid, 55 ans, fait la part belle aux hommes avec des épaulettes bien garnies. La formation a ouvert ses portes à deux autres anciens chefs d’état-major : Moshe Ya’alon et Gabi Ashkenazi.

3. Quel programme ?

Le programme de Benny Gantz est resté de longues semaines bien succinct avant les élections du printemps. Quelques généralités dans les clips et dans ses tracts, des citations ici ou là pour compléter les paragraphes les plus flous… Le silence était tel qu’il est devenu un sujet de moquerie sur internet : une page Facebook a été créée pour compiler des idées à lui suggérer ! Début mars, le duo Gantz-Lapid a enfin détaillé des mesures en matière de sécurité, diplomatie, santé, économie…

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Législatives en Israël : «Bibi», c’est (presque) fini

« Benyamin Netanyahou est comme ces personnages de dessins animés qui courent au-dessus d’un précipice et finissent par tomber brutalement lorsqu’ils regardent le vide en dessous ». L’auteur de cette métaphore, Emmanuel Navon, ne fait pas partie des « anti-Bibi » systématiques.

Mais pour ce fin analyste de la politique israélienne et professeur à l’Université de Tel-Aviv, pas de doute : au vu des résultats, l’homme au pouvoir sans interruption depuis dix ans en Israël sort « extrêmement affaibli » des élections législatives de lundi. « Personnellement je pense qu’il est grillé », prend-il le risque d’affirmer.
S’il est vrai que le leader de la droite israélienne fait quasiment jeu égal avec la formation de centre droit Kahol Lavan (Bleu Blanc) de son rival Benny Gantz en obtenant, après plus de 90 % des bulletins dépouillés, respectivement 31 et 32 sièges de députés, il a clairement perdu son pari d’élargir sa majorité.

Au contraire, dans la précédente Knesset élue en avril, la coalition constituée autour de « Bibi » comptait 60 députés (sur 120). Elle n’en aurait plus qu’autour de 55 aujourd’hui. Le Likoud, parti du Premier ministre, recule également, perdant entre 4 et 5 sièges.

Deux formations en nette progression

Par rapport au scrutin du mois d’avril seules deux formations tirent clairement leur épingle du jeu : l’union des partis arabes qui s’affirme comme la troisième force à la Knesset avec 12 sièges et surtout Israël Beitenou, le parti nationaliste d’Avigdor Lieberman, crédité de 9 sièges.

L’ex-ministre de Netanyahou (et ex-videur de boîte de nuit dans sa jeunesse) avait cette fois clairement annoncé la couleur en précisant qu’il ne se retrouverait pas automatiquement dans la coalition menée par le Likoud et en faisant rempart aux partis religieux au nom de la laïcité. Résultat, Israël Beitenou a doublé son score et Lieberman, qui réclame un gouvernement d’union nationale (de préférence sans Netanyahou), apparaît comme « faiseur de roi ».

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Pourquoi la gauche israélienne s’est effondrée

Aucune majorité claire n’est sortie des urnes après les élections législatives du 17 septembre en Israël. Le centre et le Likoud (droite) sont au coude-à-coude, la liste arabe unifiée arrive en troisième position, la droite extrême continue de jouer les arbitres et la gauche traditionnelle semble totalement dépassée. La sociologue israélienne Perle Nicolle livre son point de vue sur l’effondrement électoral de cette gauche et les dynamiques à l’œuvre dans la jeunesse, alors que l’ouverture de négociations de paix et la fin de l’occupation des territoires palestiniens n’ont jamais semblé aussi lointaines.

Le dépouillement des bulletins de votes quasi-terminé, le mouvement centriste Bleu-blanc de Benny Gantz et le Likoud de Benjamin Netanyahu sont au coude-à-coude. La liste arabe unifiée arrive en troisième position. Les deux partis de gauche, travailliste et Meretz, sont très loin derrière. Vers quel type de gouvernement se dirige-t-on ?

Perle Nicolle [1] : Ni le bloc de centre-gauche ni celui de droite n’a obtenu les 61 sièges nécessaires pour avoir la majorité absolue à la Knesset. Il va maintenant y avoir un mois et demi de tractations intenses, avec trois options. La première : aucun des partis n’arrive à former une coalition et on retourne à de troisièmes élections à court terme. Deuxième option : la formation d’une grande coalition entre le mouvement Bleu-blanc (centre), le Likoud (droite nationale-libérale) et Yisraël Beitenou (droite nationaliste laïque). Le leader de ce dernier parti, Avigdor Lieberman, appelle une telle coalition de ses vœux. Toutefois, cela supposerait que le mouvement Bleu-blanc accepte de rentrer dans un gouvernement avec Netanyahu – rompant avec sa promesse de campagne – soit que le Likoud se débarrasse de Netanyahu, entraînant une crise politique au sein du parti de droite. Troisième option : Netanyahu fait d’énormes concessions à Lieberman. Mais il faudrait, pour cela, que le chef du Likoud soit capable d’obtenir d’énormes concessions de la part des ultra-orthodoxes religieux.

La gauche a fait un score ridicule. C’est le prix d’une campagne assez violente en ce qui concerne le parti Meretz (socialiste) et complètement déconnectée de sa base concernant le Parti travailliste. Le score de la Liste arabe unifiée est une réussite. La population arabe israélienne s’est fortement mobilisée pendant ces élections, notamment en réaction aux attaques très violentes de Netanyahu. La Liste arabe unifiée devient le troisième parti de la Knesset et pourrait être le premier parti d’opposition.

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