Vivre avec le yiddish

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Les commémorations dont nous avons été les témoins ces dernières semaines nous ont invité encore une fois à interroger la question de la mémoire et du souvenir.

« Souviens-toi » et « n’oublie pas » dit le texte biblique. זְכֹר֙ אַל־תִּשְׁכַּ֔ח.

Une injonction adressée à la seconde personne du singulier pour souligner que se souvenir c’est raconter des histoires sans jamais en oublier une, sans penser que l’histoire collective nous dédouanerait du devoir de raconter l’histoire de chaque personne, de chaque nom, de chaque visage, à commencer par sa propre histoire.

« Ici résonne avec force la phrase de Philippe Roth «  Être vivant c’ est être fait de mémoire et s’il n’est pas fait de mémoire il n’est fait de rien ! » »

Parole de romancier qui nous fait comprendre que la « Maison du souvenir« , selon la belle expression du romancier Philip David, ne peut se passer de littérature, car celle-ci elle fut toujours visionnaire à la fois du futur, mais aussi du passé à construire, à reconstruire.

« Bien sûr la littérature ne fait pas revenir les morts, mais elle donne à la civilisation dont ils furent porteurs la chance de survivre et peut-être même de de redevenir l’expression vivante de toute un peuple qui à son tour y inscrira le développement de sa propre histoire ! »

Certes « Civilisation » est un mot vague, toujours sujet à interprétation, mais qui commence toujours avec une langue. C’est à l’une de ces langues, qui entretient un lien particulièrement fort avec la mémoire et la littérature que sera consacrée l’émission d’aujourd’hui. « Je veux parler de la langue Yiddish. »

L’invitée

Rachel Ertel est professeure émérite de l’université Paris-Diderot où elle été professeure de littérature anglaise et où elle a fondé le Centre d’études judéo-américaines (CEJA), le principal lieu d’enseignement de langue et de littérature yiddish en France. Elle a contribué dans l’espace universitaire à former des traducteurs de yiddish dans un souci d’assurer la « permanence du yiddish » et de son espace culturel.

Rachel Ertel dirige la collection « Domaine yiddish ». Elle est présidente d’honneur de la Maison de la culture yiddish– Bibliothèque Medem.

On lui doit plusieurs essais importants et ses traductions nous ont permis de découvrir et de lire de nombreux auteurs Yiddish.

  • Le Roman juif américain, une écriture minoritaire, 1980.
  • Le Shtetl, la bourgade juive de Pologne de la tradition à la modernité, Payot, 1982 (rééd.1986).
  • Dans la langue de personne : poésie yiddish de l’anéantissement, 1993.
  • Brasiers de mots, Paris, 2003.

Elle vient de faire paraitre Mémoires du yiddish, Transmettre une langue assassinée, entretiens avec Stéphane Bou, Albin Michel, 2019 Et la traduction d’un récit de H. Leivick, Dans les bagnes du Tsar, aux éditions de l’antilope, 2019.

Transition musicale

Un poème de H. Leivick intitulé « Ma prière« ,  1955, traduction Rachel Ertel. sur une musique de Dimitri Shostakovich. En voici deux versions différentes. La première avec Yefim Bronfman est celle passée dans l’émission.La seconde mentionnée aussi dans l’émission est la version où Shostakovitch est lui-même au piano. ( un peu plus rapide.)

Pour écouter le podcast de l’émission de Marc-Alain Ouaknin cliquez ICI

Source franceculture