Haïm Korsia : « Un judaïsme intégré dans la vie locale »

Abonnez-vous à la newsletter

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, présent à Belfort les 3 et 4 mai pour commémorer les victimes et héros de la déportation, et rendre hommage aux résistants juifs belfortains, dont 4 personnalités : un événement dans la cité. Il témoigne de sa volonté d’intégration du judaïsme dans le tissu local.

Haïm Korsia, vous participerez ce vendredi, à 18 h, à la synagogue de Belfort, à la cérémonie en mémoire des victimes et des héros de la déportation. Pourquoi venir à Belfort ce week-end, vous qui avez travaillé pour une thèse d’histoire sur « concilier l’espérance de la Bible et de la République » ?

« Tout se tient. Il y a un besoin d’aller vers toutes les communautés juives, les petites comme les grandes, sans segmentation, et de revenir à cette part essentielle du judaïsme français. Ma fonction, comme celle d’une abeille, est de partager. Il s’agit en particulier d’évoquer les notions de religion et de patrie, rattachées à l’histoire, et cette question, toujours actuelle, d’être juif et français. Je suis sensible à l’élan de ceux qui font vivre le judaïsme en Province, intégré à la vie locale, avec tous les acteurs de la cité, participant à « l’unité nationale » à laquelle j’ai déjà appelé. Votre région est particulièrement intéressante : la communauté israélite a été agrandie et enrichie après 1870, l’annexion de l’Alsace et la Lorraine par l’Allemagne. Ces migrations ont été un facteur de prospérité, de dynamisation du tissu local, même si ces communautés ont connu ensuite des hauts et des bas. Il y a besoin de partager cela avec l’ensemble des fidèles, avec tous ceux qui se sont battus pour la cité. La plaque qui sera inaugurée à Belfort ce vendredi ravivera la mémoire des victimes et des héros de la déportation, de ceux qui ont œuvré pour la société. »

Votre conférence, prévue samedi à 18 h au centre communautaire, traitera en particulier du judaïsme et la cité ?

« Le judaïsme n’a pas vocation à l’universalisme, au prosélytisme, mais il véhicule des valeurs universelles. En tant que rabbin, j’évoquerai notamment une notion spirituelle qui appartient au judaïsme, tikkoun olam, et qui se rapporte à la réparation du monde, “réparer les brisures du monde”, pour améliorer le sort de chacun. »

René Kapel, rabbin de Belfort avant guerre, mérite une place à part ?

« Il a porté le judaïsme dans un temps particulièrement difficile. Il a été un grand français et un grand juif, participant au combat, au sauvetage d’enfants, à la spiritualité. Il reste dans l’histoire comme une personnalité particulière, par son apport spirituel et son combat. »

En tant que rabbin, comment rendre hommage aux « grands résistants », comme Belfort va le faire, sans oublier « les petits », les combattants de l’ombre ?

« Comme Moïse dont les mains étaient fatiguées, soutenu de chaque côté par Aaron et Hur, ceux qui ont inscrit leur nom dans l’histoire ont eu besoin des autres, qu’on leur tienne les bras. Même si souvent, ils n’ont eu que le sentiment de faire leur devoir. »

Le programme

La dernière fois que le grand rabbin de France est venu à Belfort, c’était il y a vingt ans, pour l’intronisation du rabbin Tordjmann. Haïm Korsia fait un geste fort en venant, ce week-end à Belfort.

Vendredi 3 mai, 18 h : cérémonie en mémoire des victimes et des héros de la déportation, à la synagogue de Belfort, rue Strolz. En présence et avec l’intervention du grand rabbin de France, Haïm Korsia, sur la Shoah. Après la cérémonie, dévoilement d’une plaque en mémoire de quatre grands résistants juifs de Belfort : Pierre Dreyfus-Schmidt (maire, rentré à Belfort en libérateur le 21 novembre 1944 avec De Lattre de Tassigny), Adrien Gensburger (il commande le premier maquis juif armé, et sera président de la communauté israélite de Belfort de 1972 à 1992), René Kapel (rabbin, aumônier résistant, membre de l’armée juive) et Pierrette Mandel (institutrice, résistante depuis Lyon), épouse Guez. Ouvert à tous.

Samedi 4 mai, 18 h : conférence du grand rabbin de France, Haïm Korsia, au centre communautaire sur « le judaïsme et la cité ». Gratuit et ouvert à tous. Le nombre de places étant limité, confirmer sa présence au 03.84.28.55.41 (matin) ou acibelfort@sfr.

Source estrepublicain