Huit étudiants en deuxième année de médecine sont présentés devant la section disciplinaire pour injures antisémites.
Vendredi matin, huit étudiants en seconde année de médecine seront jugés par l’instance disciplinaire de Paris XIII. Conséquence de la plainte d’Emma*, étudiante juive, pour injures antisémites. Présidée par un professeur d’université et douze membres (enseignants et étudiants), elle rendra une décision attendue avec appréhension par Emma*. D’autant plus que le 14 janvier, le parquet de Paris avait classé l’affaire sans suite « estimant que les faits n’étaient pas clairement établis ».
Ces étudiants en fac à Bobigny sont soupçonnés d’avoir tenu des propos antisémites, d’avoir proféré des injures contre les juifs et harcelé Emma. Les injures auraient été prononcées entre le 12 et le 14 octobre dans le cadre de la préparation du week-end d’intégration, baptisé BAuschwitz 2019. Emma y aurait été accueillie par un salut hitlérien, entendu des blagues de mauvais goût sur la Shoah, découvert la frispa, ou lancer de kippa en guise de frisbee. Pour finir, un classement des juifs de la promo aurait été établi. A l’époque l’affaire avait ému jusqu’au ministère de l’Enseignement supérieur. Frédérique Vidal avait fait un signalement au procureur et appelé à des sanctions disciplinaires.
La plainte classée sans suite par le parquet de Paris
Seulement jusqu’à présent, pour confirmer ces accusations, cette jeune fille de 20 ans se retrouve bien seule. Les témoignages en sa faveur sont inexistants. « Ces étudiants se sont désolidarisés par peur d’être ostracisés et de manière surprenante les étudiants juifs en premier », s’étonne Me Antonin Péchard, son avocat.
Après le classement sans suite de la plainte, il avait saisi le doyen des juges d’instruction. L’affaire n’est donc pas close pénalement. Cette procédure lui permettra d’avoir accès au contenu du dossier, notamment aux procès-verbaux d’audition des huit étudiants.
Depuis, de nouvelles pièces ont enrichi le dossier. « Des enregistrements vocaux envoyés à la plaignante sur le réseau WhatsApp », indique une source proche du dossier. Ils émanent non pas du groupe des huit mais de deux étudiants qui depuis veulent se faire oublier.
Emma a changé de faculté
Ils donnent une idée de l’ambiance parmi ce petit groupe. « Florian* s’était déguisé en dieu de l’avarice et il a dû mettre une kippa […] Ça les fait rire de rigoler sur les Juifs. Ton nom a été cité mais je n’ai pas envie qu’il y ait des répercussions. […] Ça va me mettre dans une merde ». Florian y est décrit comme l’inventeur de la frispa. « Il a le même humour que X. sur les camps, les Juifs », précise un autre fichier audio.
Ces enregistrements ont été versés au dossier et déposés chez un huissier de justice. « Contrairement à ce que l’on tente d’accréditer, ces faits ont bien eu lieu. Il existe une omerta totale sur ce sujet même chez les étudiants juifs », déplore Me Péchard.
Les huit étudiants incriminés n’ont pas pu être joints. Emma a quitté Paris XIII et Bobigny pour une autre fac de médecine. « Elle a eu de très bons résultats, confie son avocat. Mais elle reste marquée. Elle ne se sent pas martyre. Elle veut juste que ce genre d’agissements cesse. »
*Le prénom a été modifié