Une étudiante de l‘université Paris 13 avait porté plainte le 20 octobre pour antisémitisme suite à une multiplication d‘allusions à la Shoah. Selon le parquet de Paris, « les faits n’ont pas pu être clairement établis ».
La plainte pour antisémitisme déposée le 20 octobre par une étudiante en médecine de l’université Paris 13 a donc été classée sans suite. Alors qu’une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Paris, celui-ci a finalement jugé que «les faits n’ont pu être clairement établis» et que «les preuves ne sont pas suffisantes pour que l’affaire soit jugée par un tribunal», selon des informations conjointes d’Europe 1 et du Parisien. L’avocat et sa cliente vont maintenant se constituer partie civile et saisir le doyen des juges d’instruction.
Blagues sur la Shoah et saluts hitlériens
Au mois d’octobre dernier, une étudiante de la faculté de médecine de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avait décidé de porter plainte pour injures antisémites après avoir été copieusement insultée par des camarades de promotion. «Dès le début, j’ai expliqué que ça me blessait, avait expliqué à Europe 1 la jeune fille. J’ai dit qu’on ne pouvait pas rire de la Shoah, mais on est passé des blagues sur la Shoah à des saluts hitlériens, puis on invente un jeu qui s’appelle le ‘freespa’ [contraction de frisbee et kippa], le lancer de kippa qu’on jette par terre». La ministre de l’Enseignement supérieur elle-même avait alors réagi en évoquant des «dérives inacceptables».
Si le ministère public n’a pas trouvé pour l’instant de preuves suffisantes pour porter l’affaire au tribunal, l’avocat de la jeune fille ne compte pas en rester là, et va saisir le doyen des juges d’instruction, une procédure de recours en cas de classement sans suite d’une plainte simple. Joint par Le Figaro, maître Antonin Pechard précise que «la décision du ministère public est incompréhensible» et que sa cliente a été «choquée» par celle-ci, alors même qu’elle a dû changer d’université depuis les incidents. Par ailleurs, huit étudiants ont été convoqués en interne pour un conseil de discipline à la faculté de médecine.
Précédents
À la rentrée 2018, plusieurs cas semblables avaient été remarqués dans des établissements d’enseignement supérieur français. Le 19 octobre, à l’université de Créteil, des inscriptions antisémites visant directement le doyen par intérim ont été retrouvées sur les murs. À HEC début octobre, des tags antisémites avaient été découverts dans une salle de classe. En septembre enfin, des tags antisémites visant le président de l’Université Grenoble-Alpes (UGA) ont été découverts sur le campus.
Sacha Ghozlan, le président de l’union des étudiants juifs de France, avait expliqué au Figaro fin octobre que «l’université ne [tenait] plus son rôle de rempart à la haine» et qu’il observait «depuis plusieurs mois» une «recrudescence et une banalisation des actes antisémites». Son propre local, celui de l’UEJF à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, avait été saccagé en mars dernier.