Deux rescapés de la Shoah nous ont quittés ces derniers jours

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En cette fin d’année, deux rescapés de la shoah nous ont quittés. On sent que c’est la fin d’une génération, la fin d’une époque, et l’importance de la transmission aux générations suivantes est de plus en plus flagrante.

Addy fuchs

Addy Fuchs est né, le 26 février 1926 à Paris, de parents polonais. Son père est tailleur à domicile. Ses parents sont naturalisés français en 1929. Addy a fréquenté l’école de la rue Martel, puis le lycée Colbert. Le 26 juillet 1942, il est arrêté à Vierzon en voulant franchir la ligne de démarcation avec de faux papiers. Transféré à Pithiviers, puis à Drancy, il est renvoyé à Pithiviers où il reste dans la baraque 14 surnommée « sport », avec un groupe de jeunes de 15 à 18 ans.


Déporté le 21 septembre 1942, par le convoi 35, Addy et ses copains songent à s’évader mais les autres occupants du wagon les en empêchent. A l’arrêt du train à Cosel [1], il se faufile parmi les deux cents hommes âgés de 16 à 40 ans sélectionnés pour le travail. Il est envoyé à Blechhammer, un ZAL für Juden, Zwangsarbeiteslager für Juden : camp de travail forcé pour Juifs [2]. Là, un contremaître viennois le protège. Grâce à sa connaissance du yiddish, Addy apprend rapidement l’allemand. Il est tatoué en 1944 seulement, lorsque Blechhammer est rattaché au complexe d’Auschwitz III.

En janvier 1945, Addy participe aux « marches de la mort » vers Gross-Rosen, de là il est dirigé vers le petit camp de Buchenwald, puis il est envoyé à Langenstein pour travailler au creusement d’un tunnel. Battu par les SS, il a la chance d’être aidé par ses copains et d’être sauvé par les Américains.

De retour chez lui, il retrouve ses parents cachés par la résistance. Mais il tombe malade et ne peut reprendre ses études. Il rejoint un temps le parti communiste et participe à la fondation de l’Amicale de Blechhammer en 1965. Il se marie, a 3 enfants et 3 petits enfants.

Addy témoigne auprès des jeunes et il a pris une part active à la pose de plaques avec l’AMEDJ, Association pour la mémoire des enfants juifs déportés, dans les écoles primaires. Addy Fuchs rêve toujours de construire un monde avec moins de haine.

[1Albrecht Schmelt a obtenu l’arrêt des trains de déportation venant de l’ouest vers Auschwitz, pour prendre de la main d’oeuvre capable de travailler pour les envoyer dans les camps du système Schmelt.

[2Il y avait trois sections : un camp de travail (Arbeitslager), un camp de transit (Durchgangslager) à la population variable destiné aux punis qui y séjournaient peu de temps avant d’être envoyés à Auschwitz, et un camp de malades (Krankenlager)

Source cercleshoah

Le grand résistant Georges Loinger, s’est éteint à l’âge de 108 ans

Georges Loinger est né le 29 août 1910 dans une famille juive orthodoxe strasbourgeoise de sept enfants. Ce fut le début d’une longue vie, d’une odyssée de résistant, qu’il allait raconter dans un ouvrage rédigé alors qu’il avait 103 ans.

Il étudie au lycée Fustel-de-Coulanges où il excelle en éducation physique. Au début des années 30, il travaille pour une compagnie de navigation sur le Rhin avant de devenir professeur d’éducation physique.


En mai 1940, il est fait prisonnier de guerre dans la forêt de Haguenau et envoyé dans un camp de travail en Bavière. Il parvient à s’évader et rejoint Strasbourg en passant par Karlsruhe et Appenweier. Il passe ensuite en zone libre et rejoint la Résistance dans le réseau Bourgogne.

Il devient éducateur physique au sein de l’Œuvre de secours aux enfants (OSE), une association qui vient en aide à plusieurs milliers d’enfants juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Il participe à l’organisation de la Résistance juive et sauve des centaines d’enfants en créant une filière de passage d’Annemasse en France vers la Suisse.

Après la guerre, il est impliqué dans l’aventure du bateau Exodus qui tente d’acheminer des survivants de la Shoah vers la Palestine, alors sous mandat britannique. Il devient directeur de la filiale française de la Zim, compagnie de navigation du jeune État d’Israël et organise des pèlerinages en Terre Sainte.

Georges Loinger a raconté son histoire dans plusieurs ouvrages. Il a participé à la création de la Fraternité d’Abraham, qui prône le rapprochement des trois religions monothéistes.

En octobre 2014, à 104 ans, il était invité par Roland Ries, maire de Strasbourg, pour une cérémonie hommage, en présence du grand rabbin de France Haïm Korsia.

Commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire, titulaire de la médaille de la Résistance et de la Croix de Guerre, il était citoyen d’honneur de la ville de Strasbourg et officier dans l’ordre du mérite de la République Fédérale d’Allemagne.

Il s’est éteint à Paris ce vendredi à l’âge de 108 ans.

Source dna