Agression antisémite du rabbin d’Orléans : le suspect sera jugé en avril

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Le suspect se présentant comme un adolescent de 16 ans a été déféré ce lundi 24 mars et sera jugé au mois d’avril à huis clos au tribunal pour enfants d’Orléans. La procureure de la République d’Orléans a requis son placement en détention provisoire.

Le suspect filmé samedi en train d’agresser en pleine rue le rabbin d’Orléans, Arié Engelberg, a été déféré ce lundi 24 mars, a appris Libération auprès du parquet d’Orléans. «Il sera jugé des chefs de violences volontaires n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail supérieure à huit jours commises en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une religion.» Le jeune homme, qui dit avoir 16 ans, sera également jugé pour des violences psychologiques sur le fils du rabbin, présent au moment de l’agression.

De multiples identités

Revenant en détail sur l’agression, le parquet d’Orléans ajoute qu’«une quantité de 2 grammes de résine de cannabis a été trouvée» sur le suspect, qui est par ailleurs impliqué dans trois autres procédures judiciaires, conduites entre octobre 2024 et décembre 2024, «pour des faits de trafics de stupéfiants et de violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique à Marseille, et de vol aggravé sur la commune d’Orléans». A chaque interpellation, le suspect a décliné une identité différente. Ce week-end, après s’être présenté comme étant d’origine palestinienne et avoir refusé de se soumettre aux prélèvements biologiques permettant son identification lors de son placement en garde à vue, il a finalement admis être de nationalité marocaine. «Aucun élément ne permet de remettre en cause l’état de minorité qu’il déclare, souligne le parquet. Confronté aux termes de la plainte déposée et aux témoignages recueillis, il nie être à l’origine de l’altercation et soutient s’être défendu.»

Pourtant, selon les informations de Libération, le suspect placé en garde à vue a été reconnu dimanche par le rabbin Engelberg, quelques heures après l’agression qui a eu lieu samedi en début d’après-midi dans la rue d’Illiers à Orléans. Après avoir filmé le rabbin et son fils, tout en les questionnant sur leur religion, le suspect a proféré des insultes à caractère antisémite tout en crachant dans leur direction. Selon un témoin de la scène contacté par Libération, le suspect aurait lancé que «tous les Juifs sont des fils de pute». Une version confirmée par le rabbin lui-même ce lundi matin sur la chaîne i24 News.

Arié Engelberg s’est alors rapproché de son agresseur et a tenté de le stopper alors qu’il continuait à filmer. «Je me suis dit, s’il publie ça sans que je ne fasse rien, le monde entier verra que quelqu’un peut cracher et insulter les Juifs sans réaction», a expliqué le rabbin sur i24 News. La victime a reçu des coups au visage, avant d’être ceinturée et mordue au niveau de l’omoplate, malgré des gestes défensifs. Le tout en présence de son fils de 9 ans. «Un témoin s’est interposé et a mis un terme à l’agression, provoquant la fuite de son auteur», précise le parquet d’Orléans, ajoutant qu’une enquête a été «immédiatement ouverte du chef de violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours, commises en raison de l’appartenance, réelle ou supposée, à une religion».

Une marche silencieuse

Dimanche, Emmanuel Macron a dénoncé le «poison» de l’antisémitisme, promettant de ne céder «ni au silence ni à l’inaction» face à cela. «L’agression du rabbin Arié Engelberg à Orléans nous choque tous. Je lui adresse, ainsi qu’à son fils et à tous nos compatriotes de confession juive, tout mon soutien et celui de la Nation», a écrit sur X le chef de l’Etat. Jusqu’à présent, Orléans avait été plutôt épargné par les actes antisémites, a expliqué dimanche le président de la communauté israélite de la ville, André Druon. «Depuis au moins le 7 Octobre nous n’avons pas eu à relever d’incident, si ce n’est quelques graffitis», jusqu’à cette «agression très violente d’un rabbin», a-t-il déploré.

Selon des chiffres du ministère de l’Intérieur, 1 570 actes antisémites ont été recensés en 2024, une baisse de 6 % de par rapport à l’année précédente. Les faits antisémites représentent 62 % des actes antireligieux et sont constitués à 65 % d’atteintes aux personnes. Ce qui n’est pas le cas des autres religions pour lesquelles les atteintes aux biens sont majoritaires.

Le Crif avait déploré en janvier un niveau «historique» de ces attaques pour la deuxième année consécutive, avec une «explosion» après le 7 octobre 2023, date de l’attaque sans précédent du Hamas en Israël. Une marche silencieuse «en soutien au rabbin» et «contre l’antisémitisme» est prévue mardi à 18 heures à Orléans, à l’appel de plusieurs associations juives locales.

Mis à jour à 18 h 02, ajout d’informations sur le profil de l’agresseur et sur le témoignage du rabbin, Arié Engelberg, sur i24 News.

par Ludovic Séré

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